Dans une interview accordée à «La Libre », le Bourgmestre Benoît Cerexhe revient sur le dossier du Champ des Dames Blanches. Son nouvel argument est que cela fera revenir des jeunes dans nos quartiers. Un argument qu’il sait éculé, puisque toutes les tentatives passées pour « réserver » des logements aux jeunes familles ont échoué. Soit il s’agit de logements privés, et c’est la loi du marché qui joue ; soit il s’agit de logements sociaux, et les attributions sont impérativement accordées en fonction d’un classement des candidats dans une liste centralisée par la SLRB.
Quel financement ?
Le Bourgmestre reconnaît, dans ce même article, qu’il attend toujours la confirmation de la SLRB que le projet de lotissement du Champ des Dames Blanches est bien finançable, alors que la SISP (Société Immobilière de Service Public) de Woluwe sera incapable de financer la partie du projet qui lui incombera. Rappelons que, lors du Conseil Communal de septembre dernier, le Bourgmestre avait reconnu ne rien comprendre au plan de financement du projet (voir nos posts des 21 et 23 septembre). Le Bourgmestre déclarait alors avoir convoqué les responsable de « En Bord de Soignes » pour le 29 septembre afin d’obtenir des explications de la SISP de Woluwe. Mais, depuis, plus de nouvelles. Précisons pourtant que la Commune de Woluwe-St-Pierre est actionnaire de « En Bord de Soignes » et possède plusieurs administrateurs au sein de son Conseil d’Administration. Des administrateurs, par ailleurs, qui appartiennent, en partie, à la majorité communale.
Une partie du terrain non construite… avant 10 à 15 ans
Le Bourgmestre évoque en une phrase, la partie du terrain qui « ne serait pas construite ». Chacun sait que l’accord est clair sur ce point. C’est la majorité communale en place dans … 15 ans qui devra prendre la décision d’acheter -ou non- ce terrain (à un prix toujours inconnu aujourd’hui). Si, dans 15 ans, cette majorité imprévisible, décide de ne pas acheter (dans un délai d’un mois), la SLRB pourra reprendre la construction. Ce qui pourrait amener la construction totale sur le champ, de 500 logements. Trois élections communales nous séparent donc de la coalition « mystère » qui devra décider d’acheter une partie du champ. A moins d’un revirement des finances bruxelloises, on peut craindre la décision de cette majorité dont la plupart des membres actuels ne feront plus partie. Et déjà aujourd’hui, l’actuelle majorité de Benoît Cerexhe n’a même pas voulu provisionner un montant en vue de cet éventuel rachat. Certains parmi nous parlent d’un enfumage. Peut-être n’ont-ils pas tort.
Un nombre grandissant de logements sociaux de Joli-Bois ne sont plus occupés
Et tout cela dans un contexte surréaliste où l’on constate par ailleurs qu’un nombre grandissant de logements sociaux de Joli-Bois ne sont plus occupés et que les travaux de rénovation ont dû être interrompus faute de moyens financiers. Les rénover maintenant permettrait pourtant de remettre des dizaines de logements sociaux sur le marché dans un délai de moins d’un an. Une belle illustration de cette impécuniosité est la tentative, par la SISP, de revendre 28 garages dans le quartier des Dames Blanches. Une vente qui s’est largement soldée par un échec. Et alors que les locataires ont eu un mois pour quitter ces garages en juillet dernier, il serait maintenant question de les remettre en location.
Enfin, le Bourgmestre annonce de nouveaux transports en commun, mais promet, lors des réunions, que l’on n’élargira pas le gabarit de l’avenue des Dames Blanches déjà étroit pour le croisement des voitures.
Et le plus important est ce qu’il n’évoque pas dans l’article : l’enclavement du champ qui impose de faire passer l’ensemble du nouveau trafic par la seule avenue des Dames Blanches. La destruction d’un rue pourtant reconnue pour son aspect architectural.
Augmenter la production alimentaire locale ? Tu rigoles ?
Comme le rappelait récemment le groupement des « Amie.e.s du champ des Cailles », la majorité régionale a mis en avant la stratégie Good Food avec des objectifs précis comme « augmenter la production alimentaire locale et durable et accompagner activement la transition vers ces nouveaux modes de production. » Mais cela relève davantage de l’image que de la réalité.
L’agriculture urbaine est en situation précaire partout où elle s’installe, écrivent justement Les Amis du Champ des Cailles qui relèvent que « les projets de vraies fermes urbaines écologiques en sol vivant (Perruchet, Courtileke, Boondael, Keelbeek, Keyenbempt,…) disparaissent un à un sous les pelleteuses.»
Lors de la dernière « réunion participative » du Champ des Dames Blanches sur l’affectation de la partie non construite du champ, tous les représentants des promoteurs ont dû reconnaître que ce projet n’était pas pérenne, et ne portait que sur une dizaine d’années. Toute construction devrait pouvoir être retirée en cas d’autre usage sur le champ.
Nous ne pouvons donc que tirer le même constat que les Amis du Champ des Cailles : «La volonté du gouvernement actuel n’est en alignement ni avec les besoins réels, ni – surtout – avec ses propres objectifs.»