Arnaque participative (épisode 2)

Tous les riverains ont été surpris du changement de la procédure lancée par la Commune pour la « consultation participative » de la population dans le cadre de l’urbanisation du champ des Dames Blanches : Arrêt sine die des réunions et ateliers au profit d’un tirage au sort qui déjà sent l’arnaque.

Pourquoi ce tirage au sort en remplacement d’une procédure ancrée depuis 2 ans? C’est la question qui a été posée mardi soir (28 mars) par le conseiller communal Etienne Dujardin. Et la réponse du Bourgmestre laisse sans voix : le tirage au sort des membres des prochaines réunions est justifié par le fait « que ce sont toujours les même riverains qui viennent ». Et comme ils osent émettre des critiques sur le projet, Benoît Cerhexe décide «qu’ils ne sont pas les seuls interlocuteurs représentatifs… donc on veut aller plus loin, avoir une participation plus large et faire de la pédagogie». Cette tactique politique très utilisée depuis 20 ans veut que si la population s’oppose à un projet soutenu par les autorités, c’est que les intéressés n’ont pas bien compris le projet, et qu’il suffit de leur réexpliquer.

De bon compte, le Bourgmestre reconnaît indirectement que c’est bien la SLRB (et donc la Région), qui tire les ficelles. «La Région a donc décidé de créer un nouveau panel. » Preuve, par l’absurde, que le premier panel, pourtant démocratique, n’était pas à la hauteur des espérances des promoteurs immobiliers. La SLRB a donc décidé de confier le choix du nouveau panel à la société Particitiz qui a estimé que 21 personnes, tirées au sort, représenteraient désormais valablement la population des riverains.

Les premiers flops du tirage au sort

Sur les 300 personnes invitées au grand loto des Dames Blanches, 21 seront donc tirées au hasard pour être «représentatives» des trois quartiers (Vieux Quartier, Sainte-Alix et Corniche Verte). Si 7 personnes par quartier peuvent dignement représenter la diversité de langue, de sexe, d’âge et de niveau d’études, comme le revendique la Commune, les employés de Particitiz sont les Einstein de la statistique.

Mais précisément, pourquoi toutes ces questions invasives posées aux candidats tentés de s’inscrire à l’Euromillion de Woluwe-St-Pierre ? Certains ont été choqués de s’entendre demander au téléphone « vous avez fait des études » ? Je peux témoigner de deux voisins, venus frapper à ma porte, outrés par cette indiscrétion.

Vient ensuite le choix des destinataires. Un rapide sondage me permet de dire que pratiquement tout le monde a reçu une invitation…Sauf certains.

Comment la « statistique » de Particitiz peut-elle expliquer qu’au sein d’un même foyer, 3 personnes aient reçu une invitation, et que pour ma part, TOUS mes voisins (à gauche à droite de mon côté de la rue et de l’autre côté de mon habitation) ont été invités (parfois deux personnes par domicile) et que ma boîte aux lettres ait été oubliée? Le hasard sans doute. Même si, comme le dit Mazouz Hacène, « le hasard n’existe pas, …tout est minutieusement élaboré » Je ne sais pas qui est ce Monsieur Hacène , mais il ne sera certainement pas invité au sondage hasardeux des Dames Blanches. 

Et ne revenons pas sur la rémunération prévue pour les 21 riverains aléatoires. C’est tout simplement indécent.

Bétonisation du champ des Dames Blanches : un nouveau déni de démocratie

Depuis 2021, la Commune, la Région et la SLRB suivent une procédure qualifiée de « participative ». Mais les réunions sont souvent critiques à l’égard du projet de construction du champ des Dames Blanches. Alors, les promoteurs ont décidé, sans prévenir, de changer les règles du jeu et de créer un «panel citoyen» tiré au sort… et rémunéré!

Des habitants de Woluwe-Saint-Pierre (sans doute quelques centaines) ont reçu un courrier les avertissant qu’ils avaient été tirés au sort pour participer à un panel chargé de donner un avis sur le projet de construction de centaines de logements sur le champ. 21 personnes seront retenues. Elles seront rémunérées pour participer aux réunions. Est-ce bien sérieux, et où est la démocratie dans tout cela ?

Pour rappel, plusieurs réunions (visite du champ, présentations, «ateliers »,…) se sont déroulées ces derniers mois. En changeant les règles, les promoteurs du projet font fi de tout le temps consacré par les habitants à ce qui apparaît aujourd’hui comme un simulacre de participation. D’autant que le processus ne prévoyait nullement cette nouvelle procédure.

Ensuite, les quatre « Moments » (sic) prévus entre mai et septembre  font double emploi avec  toutes les réunions passées. Par exemple, le premier « moment » est une visite du champ des Dames Blanches. Pour rappel, elle avait déjà eu lieu il y a plus d’un an, et avait réuni un vaste public. Bien plus nombreux que les 21 personnes qui seront «tirées au sort ». Cela semble d’ailleurs indiquer que les 21 personnes qui seront retenues ne sont pas très au fait de la problématique du champ.

Vient ensuite la méthode même de désignation du futur « panel citoyen( ?) » qui a fixé la liste des personnes contactées? Et comment croire que ces dernières sont davantage intéressées par le sujet

que tous les habitants qui ont déjà consacré leurs soirées aux réunions prévues par la première procédure en cours?

Et la démocratie bordel ?

D’un point de vue purement démocratique, le principe même du tirage au sort est déjà sujet à caution.

Mais que dire d’un panel dont la principale motivation serait de gagner 35 euros par réunion. L’actualité nous rappelle avec acuité que l’argent acquis sans cause émousse fortement le sens des valeurs de ceux qui le perçoivent.

S’il y avait encore des doutes sur la volonté « participative » des promoteurs du projet de construction, ils sont définitivement levés par la Commune et la Région. L’avis des riverains du champ ne les intéresse pas. Les « autorités » vont constituer leur propre « panel ».

La manifestation du 12 février contre la bétonisation des friches bruxelloises