Nouvelle arnaque du champ des Dames Blanches :

2,5ha de « biodiversité » pour cacher 200 logements

Sud info annonce, comme un scoop, la création sur le champ des Dames Blanches, d’un « projet citoyen »  axé « sur l’agriculture urbaine, la biodiversité  et l’intégration des animaux en milieu urbain ». Le tout sur 2,5ha. Un superbe projet en apparence, qui cache un tour de passe-passe électoral.

Rappelons les faits : les promoteurs immobiliers du champ des Dames Blanches ( la SLRB et la majorité actuelle de Woluwe-Saint-Pierre) veulent construire 200 logements sur le champ des Dames Blanches. Un terrain totalement enclavé dont tout le monde sait qu’il provoquera de graves problèmes de circulation dans l’avenue des Dames Blanches. Pour faire passer ce projet, la Commune promet qu’une partie du terrain ( 2,5ha sur les 10ha constructibles) ne sera pas construit durant 15 ans. L’accord Commune/Région prévoit, qu’après ce délai, la majorité communale en place en 2040 ( !!!) aura la faculté de racheter cette partie non construite. Si elle ne le fait pas, la SRLB pourra construire une seconde phase de logements.

Qu’en est-il de la consultation populaire promise aux riverains ?

Le Bourgmestre a toujours déclaré que ce projet immobilier ne serait réalisé que si, et seulement si, les riverains du champ y apportent leur soutien à l’occasion d’une consultation populaire encore à venir. Elle semble tombée dans les oubliettes.

C’est donc hors contexte, et sans consultation sur le projet de construction immobilière, que « surgit » dans la presse, ce qui ressemble bien à un communiqué de la Région et de la Commune.

Tout y est cousu de fil blanc : les promoteurs immobiliers font comme si le projet de construction de 200 logements était acquis, ce qui n’est pas le cas.

Et l’on voit bien que même dans cet « ersatz » d’espace agricole et environnemental, le ver est dans le fruit : cette expérience sera limitée à 15 ans. Soit exactement la période au-delà de laquelle la seconde phase de construction pourra être entreprise, si la majorité de l’époque décide de ne pas racheter la zone 2 du champ. Par désintérêt ou simplement par manque d’argent.

Une impossibilité financière

Car, parlons-en de l’argent : la Commune doit déjà revoir ses investissements futurs à la baisse. La Région bruxelloise est fortement appauvrie, et tous les partis reconnaissent que la SLRB qui devrait être l’investisseur du projet de construction est en faillite virtuelle. Pour les chiffres précis (démentis par personne) Nous vous renvoyons à notre post sur l’interview de Didier Gosuin et  d’Alain Maron.

Si la Commune envisage d’animer le champ par des activités de biodiversité et d’agriculture urbaine, bravo, tous les riverains en seront heureux, mais si c’est pour mieux cacher la poursuite absurde de la bétonisation de l’une des dernières friches de la Région, c’est de la supercherie, voire de l’arnaque. La proximité des élections n’excuse pas tout.

Plus que jamais, il faut rester vigilants : l’offre d’un joli projet  environnemental  n’est que l’arbre qui cache une forêt de ….200 logements, voire le double lorsqu’arrivera le terme des 15 ans.

Alain Maron (Ecolo)  et Didier Gosuin (Défi) : la SLRB est en faillite

L’approche des élections délie les langues.  Sur les ondes de la RTBF, ce mercredi 22 mai, les ténors bruxellois d’Ecolo et de Défi reconnaissent l’échec de la SLRB et prônent des alternatives. Pourtant, à Woluwe-Saint-Pierre, ces deux mêmes partis soutiennent le projet des Dames Blanches dont le budget explose à près de 100 millions d’euros.

Pour Alain Maron, «Il faudra faire du logement supplémentaire, mais d’abord sur du logement existant ». Il évoque la conversion des bureaux en logements, et constate que « ça fonctionne » . Il veut aussi « socialiser des logements » grâce aux agences immobilières sociales : « On fait du win-win pour les locataires et les propriétaires, et cela fonctionne ». Ecolo mise donc sur le logement existant.

Didier Gosuin : On s’est gouré dans la politique du logement social »

Pour Défi, Didier Gosuin tire un constat plus sombre encore : « A la Région bruxelloise, tous partis confondus, on s’est gouré dans la politique du logement social. Aujourd’hui la société du logement social (SLRB) est quasiment en faillite. On est incapable à la fois de rénover et de construire. Il y a d’autre voies. Mon parti prône depuis longtemps -mais le PS est contre- d’octroyer des allocations de loyer. Le pouvoir public n’a plus les moyens de créer du logement. Par contre, dans le logement social, il faut introduire le bail à terme. Il n’est pas normal de rester dans le logement social dans certaines conditions de revenus. Il faut de la rotation dans le logement social. La majorité des gens à faible revenu ne sont pas dans le logement social, mais dans le privé, il faut les aider par des allocations de loyer. »

Alain Maron : «La SLRB est quasi en cessation de paiement »

Sans aller aussi loin, Alain Maron tire les conséquences de la politique du logement public à Bruxelles: « Il faut être conscient que le logement public ne va pas résoudre la crise du logement . Il faut sortir de ce fantasme On doit faire mieux avec l’argent qu’on a et je rejoins ce que dit Didier Gosuin, la SLRB est quasiment en cessation de paiement.»

Il encourage en revanche les projets définis comme «exemplaires» que sont les coopératives d’investisseurs : « Elle rachètent des logements à rénover et en font des logements à finalité sociale, parfois pour du public très défavorisé ». Ce type de démarche doit absolument être encouragé ».

En résumé, la politique bruxelloise du logement public relève au mieux du « fantasme », au pire, de la gabegie et de la mauvaise gestion. Socialement, écologiquement et économiquement, un projet tel que celui des Dames Blanches appartient à une époque révolue.