Le logement social en chiffres

Alors que certains s’évertuent à soutenir l’actuel projet de bétonisation du Champ des Dames Blanches, voici, en chiffres la situation catastrophique du logement social en Région bruxelloise. Préparez vos mouchoirs.

Le nombre de logements sociaux inoccupés en Région bruxelloise est proche de 4900 ! A titre d’exemple, certains logements de la Commune de Woluwe sont abandonnés depuis… 15 ans.

A cela, il faut ajouter ( pour la Région toujours) entre 16.000 et 26.000 logements vides, 1 million de m² de bureaux vides, 1 millions de m² de surface commerciale et industrielle vides. Et que fait la Région : depuis 20 ans, elle n’a initié que 4 (!) actions en cessation pour remettre en location des logements vides, assure le groupement We Are Nature dans une étude particulièrement fouillée. En réaffectant ne fût-ce que 25% de ce total au logement social, on obtiendrait 500.000 m² habitables supplémentaires, soit environ 5.000 logements, sans toucher à la nature. En comparaison, la Région n’a construit que 1.361 logements sociaux en 20 ans, entre 2001 et 2020 !

Politique de rénovation des logements sociaux : une catastrophe

En juin 2023, les quotidiens la Libre et la RTBF se penchaient presque simultanément sur le drame financier que vivent la Région bruxelloise et les sociétés de logement social. Sous l’angle budgétaire, c’est la panique à tous les étages. Il n’y a plus d’argent pour rénover 37.000 logements, Le budget estimé est de 900 millions d’euros sur 10 ans.

Selon plusieurs directeurs de sociétés de logements sociaux (SISP) interrogés par la presse, ce montant ne serait même pas suffisant. l’explosion du prix des matériaux est passée par là. A la même époque (il y a un an),  la RTBF donnait l’exemple d’un directeur d’une SISP qui expliquait que la rénovation en profondeur de son parc social était estimée à 51 millions d’euros sur 10 ans, mais qu’il en faudrait 68 millions de plus pour boucler le budget.

”En résumé, nos coûts augmentent tandis que nos revenus baissent » résumait, pour sa part, Aziz Sopi, directeur général d’En Bord de Soignes. Cette SISP (dont fait partie Woluwe-Saint-Pierre) était alors en perte de 500.000 euros en 2021, et de 840.000 euros en 2022. Or, en cas de construction du champ, En Bord de Soignes devra financer une partie du projet (estimé aujourd’hui à près de 100 millions). Pour mémoire, la Région vient de verser, juste avant les élections, 300 millions d’euros à la SLRB pour payer ses factures en retard.

Construire oui, rénover non ?

Rien que pour la SISP En Bord De Soignes (en Charge de Woluwe-Saint-Pierre), il y avait 229 logements sociaux vides en 2022 et  249 logements vides en 2024. Ce qui démontrer que la politique de rénovation du parc immobilier social est à l’arrêt dans notre commune, et même en recul. N’est-ce pas là qu’il faudrait mettre les moyens?

En mai dernier, Alain Maron (Ecolo) et Didier Gosuin (DéFi) (pourtant dans la majorité régionale)  déclaraient que la SLRB était en faillite, Didier Gosuin résumait très bien la situation générale: « On s’est gouré dans la politique du logement social ».

Mais alors pourquoi le politique privilégie-t-il toujours la construction à la rénovation ? Sans doute parce qu’inaugurer 100 nouveaux logements leur offre davantage de visibilité médiatique que rénover 10 fois 20 logements… 

Il est donc essentiel, sous l’angle de l’efficacité, de la rapidité, de l’économie circulaire  et du maintien des espaces verts, de privilégier la rénovation . Maintenant.  

5 questions à poser aux candidats avant d’aller voter

Nous approchons du scrutin. Et les prochains marchés de quartiers attireront de nombreux clients, mais aussi des centaines de … candidats au scrutin communal. C’est le moment de leur poser les bonnes questions sur l’avenir du Champ des Dames Blanches. En voici cinq. Avec, en prime, quelques arguments pour ne pas vous faire rouler dans la farine.

Qui garantit qu’il n’y aura jamais de 2ème phase de construction dans 10 à 15 ans ?

Pour ne pas vous laisser embobiner : il n’existe aucune garantie. Aucune. L’accord entre la Commune et la Région prévoit  noir sur blanc que dans 15 ans, la Commune disposera d’une option d’achat sur la partie non construite du champ. Et cela pendant exactement 6 mois. Pas un jour de plus. Si la majorité de l’époque ne désire par activer l’option d’achat, la  SLRB pourra alors construire la seconde zone (2.1). Seule cette future  majorité communale, qui sera connue après 3 scrutins communaux, aura le pouvoir de décider du rachat ou non de la partie du champ non construit. Le Bourgmestre actuel ne peut en rien intervenir dans ce choix. Le placement d’un montant annuel par la Commune ne garantira en rien l’achat de la zone. Dans 15 ans, nous pourrions donc avoir non pas 200, mais 400 logements.

Le projet de construction du champ respecte-t-il Le PPAS voté en 2001 par le Bourgmestre actuel et le MR ? Depuis le début du nouveau projet, c’est la déclaration constante, du Bourgmestre.

Pour ne pas vous laisser embobiner :  Les signataires du projet de lotissement de 200 logements assurent effectivement avoir respecté le Plan Particulier d’Affectation du Sol. En réalité, il ne respecte aucun des trois critères essentiels : le nombre de logements du projet est de 200 logements, contre 120 pour le PPAS. Le projet actuel ne prévoit qu’une seule entrée/sortie du trafic par l’avenue des Dames Blanches, alors que le PPAS en propose deux (dont une avenue des Lauriers. Ce qui réduirait le trafic déjà difficile dans l’avenue de Dames Blanches. Sans parler de l’engagement répété de la Commune d’exiger : 1/3 de logement locatif, un tiers d’acquisitif et 1/3 de social ?

Les places de parking seront-elles suffisamment nombreuses pour ne pas impacter  la disponibilité des emplacements dans les quartiers actuels ?

Pour ne pas vous laisser embobiner : Contrairement à ce que suggère l’étude Stratec commandée par la SLRB, le quartier Sainte-Alix est déjà saturé de voitures en fin de journée. Le problème est le même dans le « Vieux Quartier ». Y trouver une place après 20 heures est mission impossible. Le nombre insuffisant de parkings dans le nouveau quartier (moins d’un véhicule par ménage) entraînera une saturation complète, notamment dans le vieux quartier qui disposera d’un accès piéton vers les 200 logements du champ. 

Le gabarit de l’avenue des Dames Blanches sera-t-il modifié pour pouvoir accueillir le nouveau trafic induit par les nouveaux habitants, les parents des enfants de la crèche, les visiteurs du nouveau centre communautaire  et les membres du personnel ?

Pour ne pas vous laisser embobiner : Le Bourgmestre assure qu’il n’acceptera pas de modification du gabarit actuel de l’avenue des Dames Blanches. La proposition de l’étude réalisée par Stratec (P.65) dans le cadre du projet est très différente. Stratec propose 3 solutions : la mise en sens unique de l’avenue des Dames Blanches( !), la modification du stationnement  (suppression de la moitié des emplacements actuels), et enfin le « reprofilage complet de  l’avenue »,  (donc un élargissement) qui  serait à charge du budget communal. Rappelons que « La Cité des Dames Blanches conçue par Louis Herman, figure marquante du mouvement moderniste » figure sur les listes des biens à protéger dressées par le Service des Monuments et Sites. Au même titre que le Vieux Quartier de Joli-Bois .

Peut-on « réserver » des futurs logements acquisitifs à des jeunes ?

Pour ne pas vous laisser embobiner : Benoît Cerexhe l’assurait il y a quelques mois : «il faut pouvoir créer des logements pour les  jeunes  familles. C’est pourquoi 80 logements leur seront réservés ».  Malheureusement, la loi s’y oppose. C’est juridiquement impossible depuis la législation européenne contre la ségrégation. Citydev (qui travaille pourtant sur le projet de bétonisation), le confirmait dans des articles parus dans la Libre et la DH ces derniers mois. La loi ne prévoit pas cette opportunité et un acheteur «âgé»  serait donc en droit de demander l’annulation d’une vente dont il aurait été exclu pour jeunisme..

Le projet des Dames Blanches « ne coûtera rien à la Commune !». Vous êtes sûr?

Depuis des mois, le Bourgmestre assure que l’actuel  projet de bétonisation du champ ne coûtera pas un centime à la Commune. La lecture du protocole d’accord qu’il a signé avec la Région (en faillite virtuelle) et les logements de En Bord De Soignes (plus d’un milliard de déficit), indique pourtant le contraire. Voici quelques morceaux choisis…

Coût réel de la construction du champ : du simple au double

Concernant la Zone 1 affectée aux 200 logements qui seront construits lors de la première phase, on peut lire en page 2 que « Le financement de la construction de ces logements est assuré via les crédits budgétaires de la Région. Ils sont estimés à +/- 50 millions d’euros TTC.  Notons que, depuis la signature de ce protocole, l’estimation a grimpé à 100 millions. Ces chiffres ont été évoqués par la presse en mai 2024.

Equipement collectif à charge de la Commune : 4 millions ?

On peut ensuite lire qu’un équipement de quartier d’intérêt collectif sera prévu. « Il ne dépassera pas 950 m² de surface brute  hors sol. La construction d’une crèche et d’une maison de quartier seront prioritairement étudiées dans ce cadre ». Mais qui va payer cela ? Ici, on apprend que : « son financement peut être assuré à hauteur de 5m² par logement locatif géré par la SISP, soit 600m². (ndlr : la SISP -En Bord De Soignes- accumule un déficit proche du milliard d’euros). Le solde du financement sera assuré par la Commune. La gestion, l’exploitation et l’entretien de cet équipement seront assurés par la Commune.» . Depuis, le Bourgmestre a dû reconnaître que cela entraînera une dépense de 4 millions d’euros pour les infrastructures collectives. Mais il déclarait en décembre 2023 avoir obtenu «un accord de principe» sur un subside de la SLRB. La SLRB exsangue qui compte, elle sur la Région, déjà endettée à 11,4 milliards au 31 décembre 2022 (plus 2 milliards prévus pour chacun des deux exercices suivants). A quelques semaines des élections communales, cette même Région votait une aide de 150 millions à la SLRB pour payer ses factures en retard. On peut donc raisonnablement penser que la Commune devra payer les 4 millions des infrastructures du champs de ses propres deniers.

Et cela continue, car s’il est écrit que la SLRB ‘PEUT’ participer au financement des espaces partagés, ce qui suit laisse perplexe : « La Commune assurera la gestion, l’exploitation et l’entretien des espaces partagés.» Encore des coûts supplémentaires.

Pour ce qui concerne  la zone  2.1 (page 4) qui ne pourra pas être construite avant 10 ans (voire 15 ans), le financement devient imprécis. D’abord, le texte rappelle que la Zone 2.1 bénéficiera d’un entretien « TRANSITOIRE ». En clair : un entretien avant la deuxième phase de construction.

Reprenons le texte « Afin de garantir une gouvernance ouverte et participative, une structure de coordination à l’initiative de la Région sera créée pour assurer le financement, l’exploitation, la gestion et l’entretien transitoires de la Zone 2.1. Selon des modalités de gouvernance A DEFINIR, cette structure associera les pouvoirs publics (opérateurs régionaux, Commune) et les citoyens. »  La encore, la Commune devra mettre à main à la poche, puisque : « Le financement du développement des activités sera assuré par la Région ET par la Commune ».

Nous pourrions également nous poser des questions sur les coûts déjà supportés (ou qui seront supportés) par la Commune, pour les études menées pour la construction du Champ des Dames Blanches.

Tout cela nous incite à penser qu’un audit des comptes ne serait sans doute pas superflu. La nouvelle majorité (par sa future composante MR), serait bien inspirée de s’assurer que, comme le prétendait le Bourgmestre, la bétonisation du champ n’aura aucun impact (aucun !) sur le budget communal.

« La construction du champ n’est pas prioritaire » :  DéFI change d’avis ?

 Voici quelques jours, Le président de Défi, François De Smet, de passage à Sainte-Alix,  déclarait à l’un d’entre nous (voir les posts précédents) que  » La construction n’est pas prioritaire étant donné la situation budgétaire de la SLRB; c’est la rénovation qui s’impose. Le projet pourrait être réexaminé d’ici quelques années, au vu de la situation et au plus près de l’actuel PPAS ». Une déclaration qui marque un revirement total par rapport à la position de DéFi durant 6 ans, lorsque ce parti était membre de la majorité communale. Véritable revirement politique après 6 ans de soutien au projet? Simple stratégie électorale? A chacun de se faire son opinion..

Pierre Bolly, président de la section DéFI de WSP et co-auteur du programme de DéFI l’Alternative, nous apporte la nouvelle position du parti sur le dossier du champ :

« Le projet des Dames Blanches, tel que proposé actuellement par la SLRB et la Commune ne risque pas de devenir effectif dans les prochains mois, les prochaines années. L’état financier de la SLRB ne permet pas de financer un tel projet actuellement. Nous proposons en priorité de remettre en état les nombreuses habitations sociales du vieux quartier actuellement inoccupées. La liste du Bourgmestre soutient encore le projet malgré la présence de sa nouvelle composante qui lui était farouchement opposée. Nous ne changeons pas de position par rapport au projet: oui mais et ce mais correspond aux réticences des habitants.

1) les conséquences de la bétonisation du champ malgré la construction sur une partie du champ (pour l’instant), et cela à contre-courant des priorités environnementales,

Victime moi-même d’inondation le 1er août, je partage l’inquiétude d’une imperméabilisation des sols supplémentaire. Soyons de bon compte, le champ de maïs pour bétail actuel ne retient pas les eaux. Mon intervention lors de la réunion communale avec les habitants impactés par les dégâts a été de demander la plantation de haies et cela le plus rapidement possible (cela doit pouvoir être négocié facilement avec le locataire du champ). Si le projet est entamé, il doit, comme cela est prévu, avoir un bassin d’orage propre et des constructions modernes qui stockent les eaux (par exemple avec de la végétalisation). Ce point est essentiel car les événements rares autrefois de tempêtes et d’orages vont avoir une fréquence plus élevée à l’avenir.    

 2) au vu de la densité envisagée, les nuisances du charroi additionnel à prévoir et l’impact des aménagements de la voirie pour en faire une « autoroute urbaine », 

C’est le point le plus épineux quand on connait déjà les difficultés de l’avenue d’Huart et de l’avenue Prince Baudouin. Les solutions (partielles): augmenter l’offre (et détourner le 36) de transports en commun, permettre un accès aisé et sécurisé à l’arrêt du tram 44 avenue de Tervueren avec boxes à vélo sécurisés, sélectionner (ou encourager) les éventuels futurs habitants à privilégier la mobilité multimodale, aménager l’avenue des Dames Blanches pour éviter d’en faire justement une autoroute urbaine…   

 3) la certitude juridique du Protocole d’accord entre la Commune, la SLRB et la Région. La dernière phrase du document laisse entrevoir une possible révision du projet («  Une évaluation de la mise en œuvre du présent Protocole sera réalisée endéans les 10 ans de sa signature. Les parties évalueront à ce stade si le projet doit être poursuivi sous sa forme actuelle. » et donc d’envisager la construction de la deuxième partie du champ comme nous l’anticipons.

Vous avez raison, le protocole doit être sûr: ses effets ne doivent démarrer qu’une fois le projet terminé pour une période de 15 ans après laquelle la Commune a priorité pour racheter le terrain de la deuxième partie. Elle doit donc anticiper cet investissement futur.

Nous nous préoccupons aussi des gabarits des constructions qui doivent s’intégrer judicieusement dans le quartier, de laisser le noyau commercial au Parvis Ste-Alix à la fois pour dynamiser le commerce existant et pour éviter de faire de ces éventuels nouveaux bâtiments un quartier isolé qui vivrait en autarcie (surtout pas !).

Et le MR dans tout ça? Un combat pour le champ émoussé à la veille du scrutin?

On le sait, le maintien du projet de construction sur le champ dépendra largement du prochain gouvernement bruxellois. De sources sûres (MR) , nous apprenons qu’au niveau régional la construction n’est pas une priorité : « Les projets initiés par le précédent gouvernement sont examinés par les négociateurs actuels pour identifier ceux qui sont déjà avancés, ceux qui sont pertinents, ceux qui peuvent être postposés ou abandonnés. De notre côté, la volonté est claire, c’est celle de limiter la construction de logements sociaux car ceux-ci coûtent cher et le délai de livraison ne permet pas de résorber la longue liste d’attente. ». On peut donc en déduire que la priorité devrait plutôt être mise sur la rénovation. Rappelons que 4000 logements sociaux bruxellois sont vides et attendent d’être rénovés. 

Les critiques du passé

Dans le même temps, nous avons repris les déclarations successives du parti réformateur au cours des dernières mois.  Les critiques du champ portaient sur « l’absence de mixité » promise par la majorité actuelle (1/3 social, 1/3 acquisitif, 1/3 locatif privé), « une bétonisation incohérente », le risque de voir la construction de nouveaux logements dans la zone 2.1 (non construite en principe) d’ici 15 ans, et « l’impact sur la mobilité et le stationnement ». Dans un autre document, le MR de Woluwe Saint Pierre demandait de « mettre le paquet sur la rénovation des logements (sociaux) existants ».

La nouvelle position à la veille du scrutin

Depuis la fusion de la liste du Bourgmestre et du MR local, cet enthousiasme s’est pourtant émoussé. Dans un courrier, Alexia Bertrand nous confirme « avoir toujours eu des réticences face à ce projet. Je préférerais évidemment voir ce terrain rester non bâti. ». Mais elle poursuit : Aujourd’hui, la majorité Engagés – Défi – Ecolo a toutefois avancé sur le projet et nous sommes dans une situation où il existe un accord.  Mon espoir est que, vu la situation de la Région bruxelloise en quasi faillite et de la SLRB, le projet ne se fasse pas.  Cela, d’autant plus avec le changement de majorité à la Région bruxelloise.  J’espère que le MR prendra les compétences du logement.

S’il devait quand même se faire, alors l’engagement que nous prenons est le suivant :

  • Une consultation populaire sur le projet à une large majorité
  • Le fait de lever l’option sur la partie non constructible en mettant chaque année de l’argent de côté pour racheter ce morceau de terrain qui jouxte le quartier
  • Le fait de prévoir un chemin d’accès depuis le tram 44 jusqu’à l’îlot pour ne pas encombrer davantage le quartier. »

Un changement de cap regrettable qui fait dépendre l’arrêt du projet de la future politique du prochain gouvernement bruxellois. On appelle cela « botter en touche ». Dommage. Heureusement, quelques élus MR continuent de s’opposer à la concrétisation du projet actuel. La plupart sont des habitants du quartier des Dames Blanches.

8 réponses du Bourgmestre… et de nombreuses incertitudes

Le 6 septembre dernier, nous posions 8 questions au Bourgmestre sur l’état d’avancement du dossier Dames Blanches, alors qu’il ne s’exprime plus depuis bientôt 11 mois.  Nous venons de recevoir ses réponses le 25 septembre. Nous publions pratiquement l’ensemble du texte, parfois expurgé de propos sans rapport avec les 8 questions posées. Et avec nos commentaires.

QUESTION 1 :  Quel est l’état des lieux précis à ce jour ; agenda, autorisations demandées/obtenues (ou non), urbanisme, plan d’aménagement directeur, mandats octroyés ? Et quelles sont les prochaines étapes du calendrier (Commune, SLRB, Région) ?

Réponse du Bourgmestre :

Après un préambule sur les grandes lignes du projet, Benoît Cerexhe confirme que ce dernier suit son cours. Et précise ce qui suit : « Ce qui a été présenté en novembre 2023 est l’esquisse réalisée par le bureau et faisant partie intégrante de l’offre qu’il a remise dans le cadre du marché public de sélection du bureau d’architecture. Cette esquisse comporte des ajustements mineurs par rapport à ce qui a été présenté.Elle a été approuvée par la SRLB en avril dernier et ensuite par la Commune et EBDS (En Bord De Soignes) en juillet. … Le bureau travaille depuis lors sur l’avant-projet. …La prochaine étape est le dépôt de la demande de permis d’urbanisme. C’est prévu pour juin 2025 et c’est ensuite le processus habituel d’une demande de permis d’urbanisme qui sera d’application. Il est normal que ces étapes de la procédure prennent du temps vu la nature du projet. 

QUESTION 2 : La Commune s’est engagée à consulter les riverains de manière formelle et de se conformer à cet avis.  Mais à quel moment précis aura lieu cette consultation ? Avant, ou après la fin de toutes les procédures ? Et quels seront les riverains appelés à s’exprimer ? La zone d’impact direct se situe dans les 3 quartiers concernés + un rectangle : Tir aux Pigeons, Dames Blanches, Lauriers, Rue au Bois, Mille mètres + impact trafic Baron Huart. Et la consultation sera-elle liante pour la Commune ?

Réponse du Bourgmestre :

Le protocole d’accord prévoit qu’une consultation populaire aura lieu sur la base du projet soumis à l’enquête publique. C’est donc entre la finalisation de l’avant-projet et la demande de permis d’urbanisme que cette consultation sera organisée. Les détails organisationnels ne sont, à ce stade, pas encore finalisés, mais soyez assuré qu’ils seront rendus publics une fois établis. Le périmètre de cette consultation sera A Minima celui du quartier. Les résultats de la consultation consistent en un avis qui permettra à la Commune d’alimenter sa position sur les orientations du projet.

REMARQUE : Par rapport à notre question, la notion de « Quartier » n’est nullement précisée.  Et alors que la Commune s’engageait (dans Wolu Mag) à ne soutenir le projet « qu’à la condition qu’il recueille un large consensus parmi les habitants »,  le Bourgmestre ne présente plus la consultation populaire que comme un « avis »  permettant à la Commune d’alimenter sa position ». La nuance est de taille.

QUESTION 3 : Quelle sera l’attitude des élus de la Commune délégués auprès de la société de logement social En Bord De Soignes?

Réponse du Bourgmestre :

Les élus de la Commune délégués auprès de la société de logement EBDS y sont mandatés pour représenter la Commune. Ils y relayent les positions du Collège, lequel n’a jamais caché son ambition de réaliser ce projet pour toutes les vertus qu’il comporte.

QUESTION 4 : Le PPAS existant a-t-il été abrogé ? Si non, qui prouve que le projet à l’étude respecte bien le PPAS ? (nombre de logements, densité, voirie…) Et qu’en est-il de l’engagement répété de la Commune d’exiger : 1/3 de logement locatif, un tiers d’acquisitif et 1/3 de social ?

Réponse du Bourgmestre :

Le PPAS est toujours d’application. Le projet nécessitera certaines dérogations que le bureau d’études examine en ce moment. Il veillera à ce qu’elles soient le moins nombreuses. Il appartiendra à Urban de les analyser et de se prononcer sur chacune d’elle. 

REMARQUE : Il est pourtant clair que le PPAS n’est pas respecté : 200 logements au lieu de 130 prévus au PPAS, une seule voie d’accès/sortie par l’avenue des Dames Blanches, contre deux accès (avenue des Lauriers) prévus par le PPAS. Et enfin, la règle des 3/3 (1/3 location sociale, 1/3 location pour revenus moyens et 1/3 vente pour revenus moyens) n’est pas respectée. Revendiquer le PPAS pour justifier le projet actuel est donc particulièrement léger.

QUESTION 5 : Le plan d’incidences environnementales a-t-il déjà été confié à un bureau d’études et les résultats sont-ils disponibles ?

Réponse du Bourgmestre :

Un rapport d’incidences environnementales devra être réalisé pour le dépôt du permis d’urbanisme et sera disponible lors de l’enquête publique. 

QUESTION 6 : Qu’en est-il des modifications des voiries (une responsabilité communale) avec la menace d’élargissement de l’avenue des Dames Blanches? Une éventualité à laquelle vous vous êtes toujours opposé. 

Réponse du Bourgmestre :

Nous nous sommes engagés à ne pas modifier le gabarit de l’avenue des Dames Blanches. La STIB, quant à elle, nous a fait part de son engagement à proposer des solutions pour améliorer l’accessibilité du nouveau quartier. Nous devrions prochainement pouvoir en prendre connaissance. 

REMARQUE : une bonne nouvelle dans ce dossier. Le Bourgmestre confirme qu’il ne modifiera pas le gabarit de l’avenue des Dames Blanches. On espère qu’il ne jouera pas sur les mots en repoussant les emplacements de parking dans les pelouses situées entre les arbres. Ce qui ferait de l’avenue des Dames Blanches  une autoroute urbaine. Rappelons que la « cité des Dames Blanches » conçue par Herman De Koninck est considérée comme «une figure marquante du mouvement moderniste ». Depuis de nombreuses année, l’avenue des Dames Blanches figure sur « la liste des biens à protéger » dressée par le Service des Monuments et Sites.

QUESTION 7 : La pratique quotidienne des riverains ne correspond pas aux études de trafic financée par les promoteurs du projet. Vous-même avez émis des craintes sur la possibilité d’encombrement lors des présentations publiques. Quid de la gestion du trafic et des parkings ?

Réponse du Bourgmestre :

Je tiens à souligner que l’étude a eu pour but principal de faire le point sur la situation actuelle concernant la mobilité dans le quartier, et de voir objectivement dans quelle mesure la charge apportée par le projet allait la modifier significativement. Elle a conclu que ce ne serait pas le cas. Rappelons, sur cette thématique, la promesse de la Région d’aménager le chemin menant au tram 44. Ce projet d’écoquartier modèle sera certainement un lieu qui conviendra d’autant mieux aux familles faisant le choix d’avoir maximum un véhicule à quatre roues, et qui sont de plus en plus nombreuses (0.9 voiture par ménage à Woluwe-Saint-Pierre). Cependant, des parkings en suffisance sont prévus sur le site pour éviter une surcharge dans le quartier.

REMARQUE : ce point est particulièrement faible, le Bourgmestre lui-même avait émis des interrogations sur les conclusions de cette étude. Chacun sait que, dans les quartiers Sainte-Alix et « Vieux Quartier », il est impossible de trouver un place après 21h. L’insuffisance de places prévues dans le projet Dames Blanches et le trafic généré par plus de 200 voitures (habitants, parents des enfants de la crèche, participants aux activités du mini-centre communautaire…) ne tient pas compte de la réalité. Quand  à l’accessibilité au tram 44, cela fait plus de 15 ans que le STIB dit « envisager » de placer un passage pour piétons.  

QUESTION 8 : Quelle est la garantie juridique que la zone 2.1 non construite par la SLRB durant 15 ans sera bien acquise par la nouvelle majorité issue des élections communales de 2036 (soit après 3 élections). 

Réponse du Bourgmestre :

Concernant les garanties d’acquisition de la zone 2.1,  un budget d’un montant de 500.000€ est inscrit depuis 2023 à chaque budget afin d’assurer l’acquisition du terrain à la fin de la période de 15 ans prévue dans le futur bail emphytéotique. L’acquisition a été spécifiquement prévue dans la Convention adoptée par le Conseil communal en décembre 2023 puisqu’elle prévoit une option d’achat réservée à la Commune dans les 6 premiers mois de la 15ème année du droit d’emphytéose. Un bail emphytéotique dans lequel cette option d’achat sera spécifiée devrait être prochainement signé entre les parties.

REMARQUE : C’est le point le plus faible de ce projet. La majorité actuelle s’engage à prévoir un budget annuel pour acheter la partie non construite du champ dans … 15 ans. Et empêcher, ainsi, une seconde phase de construction.

Dans le scénario prévu par la convention (entre la commune et la SLRB) Il faut donc que les 3 futures majorités successives  (2024-2030 et 2036) poursuivent sur cette voie, mais aussi que la majorité qui sera mise en place en 2036 décide d’acheter le champ. Ce que personne ne peut garantir, puisque la commune pourra, alors, avoir d’autres priorités.  Le Bourgmestre le reconnaît lui-même : il s’agit d’une « option » d’achat qui ne sera valable que pendant 6 mois. Après quoi, la SLRB pourra récupérer la zone 2.1 et y construire à nouveau 200 logements. Nous aurons alors 400 logements sur le champ.

Le Bourgmestre renvoie la patate chaude à la Région

Pour conclure, (hors questionnaire) Benoît Cerexhe change totalement de registre et lance une sorte d’incantation qui cherche à rassurer: « Enfin, je tiens à préciser que la concrétisation d’un projet sur ce terrain dépend de la capacité financière de la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB) à le réaliser, la Commune n’intervenant en rien pour le financement de celui-ci.». Et, de fait, toute la presse a évoqué l’état de quasi-faillite de la SLRB (et de EBDS) et le déficit plus qu’inquiétant de la Région Bruxelloise.  Par ailleurs, la commune mettra bien la main à la poche, comme le prévoit la convention signée entre la commune et la Région-SLRB. Nous y reviendrons dans les jours qui viennent.

On sait que les Engagés et le MR seront bientôt aux commandes de la Région… et donc responsables du contrôle budgétaire de la SLRB. L’avenir du Champ est plus que jamais entre leurs mains. 

Projet immobilier des Dames Blanches: déjà 10 mois de silence

Après un silence de près de 10 mois sur l’évolution du projet des Dames Blanches, nous avons envoyé une lettre au Bourgmestre afin qu’il fasse le point sur ce dossier dont beaucoup d’entre vous pensent (à tort peut-être) qu’il a été enterré

Voici le texte intégral de notre courrier, dont 8 questions qui reviennent sans cesse dans nos discussions. Nous publierons bien sûr les réponses dès qu’elles nous parviendront

Monsieur le Bourgmestre,

Nous sommes actuellement interpellés par les riverains du champ des Dames Blanches qui continuent à se poser des questions. Ils s’étonnent notamment que la dernière présentation (à la maison communale) le 13 novembre 2023 ait laissé de nombreuses questions sans réponses. La Commune avait pourtant convenu de tenir les riverains régulièrement au courant de l’évolution du dossier…. Mais, depuis novembre 2023, c’est le silence total. Pourtant, ce 13 novembre, plusieurs questions restaient sans réponse à propos des gabarits, du trafic (un problème souvent souligné par le Bourgmestre lui-même), l’aménagement des Dames Blanches, la sécurité, la gestion des eaux, et les parkings en suffisance (alors que rues de Sainte-Alix et du Vieux Quartier sont déjà saturées).

Nos principales questions sont les suivantes :

  • Puisque la Commune et la SLRB travaillent ensemble pour ce projet, quel est l’état des lieux précis à ce jour; agenda, autorisations demandées/obtenues (ou non), urbanisme, plan d’aménagement directeur, mandats octroyés ? Et quelles sont les prochaines étapes du calendrier (Commune, SLRB, Région) ?
  • La Commune s’est engagée à consulter les riverains de manière formelle et de se conformer à cet avis.  Mais à quel moment précis aura lieu cette consultation? Avant, ou après la fin de toutes les procédures? Et quels seront les riverains appelés à s’exprimer ? La zone d’impact direct se situe dans les 3 quartiers concernés + un rectangle : Tir aux pigeons, Dames Blanches, Lauriers, Rue au Bois, Mille mètres + impact trafic Baron Huart. Et la consultation sera-elle liante pour la Commune ?
  • Quelle sera l’attitude des élus de la Commune délégués auprès de la société de logement social En Bord De Soignes?
  • Le PPAS existant a-t-il été abrogé ? Si non, qui prouve que le projet à l’étude respecte bien le PPAS? (nombre de logements, densité, voirie…) Et qu’en est-il de l’engagement répété de la Commune d’exiger : 1/3 de logement locatif, un tiers d’acquisitif et 1/3 de social ?
  • Le plan d’incidences environnementales a-t-il déjà été confié à un bureau d’études et les résultats sont-ils disponibles ?
  • Qu’en est-il des modifications des voiries (une responsabilité communale) avec la menace d’élargissement de l’avenue des Dames Blanches? Une éventualité à laquelle vous vous êtes toujours opposé. 
  • La pratique quotidienne des riverains ne correspond pas aux études de trafic financée par les promoteurs du projet. Vous-même avez émis des craintes sur la possibilité d’encombrement lors des présentations publiques. Quid de la gestion du trafic et des parkings ?…
  • Quelle est la garantie juridique que la zone 2.1 non construite par la SLRB durant 15 ans sera bien acquise par la nouvelle majorité issue des élections communales de 2036 (soit après 3 élections). 

Une réaction de votre part dans les 10 jours serait fort appréciée. Les réponses seront publiées sur notre site web et sur notre page FB.

Dans l’attente de vous lire, je vous prie d’agréer, Monsieur le Bourgmestre, l’expression de mes salutations distinguées.

Jean-Claude Verset

Nouvelle arnaque du champ des Dames Blanches :

2,5ha de « biodiversité » pour cacher 200 logements

Sud info annonce, comme un scoop, la création sur le champ des Dames Blanches, d’un « projet citoyen »  axé « sur l’agriculture urbaine, la biodiversité  et l’intégration des animaux en milieu urbain ». Le tout sur 2,5ha. Un superbe projet en apparence, qui cache un tour de passe-passe électoral.

Rappelons les faits : les promoteurs immobiliers du champ des Dames Blanches ( la SLRB et la majorité actuelle de Woluwe-Saint-Pierre) veulent construire 200 logements sur le champ des Dames Blanches. Un terrain totalement enclavé dont tout le monde sait qu’il provoquera de graves problèmes de circulation dans l’avenue des Dames Blanches. Pour faire passer ce projet, la Commune promet qu’une partie du terrain ( 2,5ha sur les 10ha constructibles) ne sera pas construit durant 15 ans. L’accord Commune/Région prévoit, qu’après ce délai, la majorité communale en place en 2040 ( !!!) aura la faculté de racheter cette partie non construite. Si elle ne le fait pas, la SRLB pourra construire une seconde phase de logements.

Qu’en est-il de la consultation populaire promise aux riverains ?

Le Bourgmestre a toujours déclaré que ce projet immobilier ne serait réalisé que si, et seulement si, les riverains du champ y apportent leur soutien à l’occasion d’une consultation populaire encore à venir. Elle semble tombée dans les oubliettes.

C’est donc hors contexte, et sans consultation sur le projet de construction immobilière, que « surgit » dans la presse, ce qui ressemble bien à un communiqué de la Région et de la Commune.

Tout y est cousu de fil blanc : les promoteurs immobiliers font comme si le projet de construction de 200 logements était acquis, ce qui n’est pas le cas.

Et l’on voit bien que même dans cet « ersatz » d’espace agricole et environnemental, le ver est dans le fruit : cette expérience sera limitée à 15 ans. Soit exactement la période au-delà de laquelle la seconde phase de construction pourra être entreprise, si la majorité de l’époque décide de ne pas racheter la zone 2 du champ. Par désintérêt ou simplement par manque d’argent.

Une impossibilité financière

Car, parlons-en de l’argent : la Commune doit déjà revoir ses investissements futurs à la baisse. La Région bruxelloise est fortement appauvrie, et tous les partis reconnaissent que la SLRB qui devrait être l’investisseur du projet de construction est en faillite virtuelle. Pour les chiffres précis (démentis par personne) Nous vous renvoyons à notre post sur l’interview de Didier Gosuin et  d’Alain Maron.

Si la Commune envisage d’animer le champ par des activités de biodiversité et d’agriculture urbaine, bravo, tous les riverains en seront heureux, mais si c’est pour mieux cacher la poursuite absurde de la bétonisation de l’une des dernières friches de la Région, c’est de la supercherie, voire de l’arnaque. La proximité des élections n’excuse pas tout.

Plus que jamais, il faut rester vigilants : l’offre d’un joli projet  environnemental  n’est que l’arbre qui cache une forêt de ….200 logements, voire le double lorsqu’arrivera le terme des 15 ans.

Alain Maron (Ecolo)  et Didier Gosuin (Défi) : la SLRB est en faillite

L’approche des élections délie les langues.  Sur les ondes de la RTBF, ce mercredi 22 mai, les ténors bruxellois d’Ecolo et de Défi reconnaissent l’échec de la SLRB et prônent des alternatives. Pourtant, à Woluwe-Saint-Pierre, ces deux mêmes partis soutiennent le projet des Dames Blanches dont le budget explose à près de 100 millions d’euros.

Pour Alain Maron, «Il faudra faire du logement supplémentaire, mais d’abord sur du logement existant ». Il évoque la conversion des bureaux en logements, et constate que « ça fonctionne » . Il veut aussi « socialiser des logements » grâce aux agences immobilières sociales : « On fait du win-win pour les locataires et les propriétaires, et cela fonctionne ». Ecolo mise donc sur le logement existant.

Didier Gosuin : On s’est gouré dans la politique du logement social »

Pour Défi, Didier Gosuin tire un constat plus sombre encore : « A la Région bruxelloise, tous partis confondus, on s’est gouré dans la politique du logement social. Aujourd’hui la société du logement social (SLRB) est quasiment en faillite. On est incapable à la fois de rénover et de construire. Il y a d’autre voies. Mon parti prône depuis longtemps -mais le PS est contre- d’octroyer des allocations de loyer. Le pouvoir public n’a plus les moyens de créer du logement. Par contre, dans le logement social, il faut introduire le bail à terme. Il n’est pas normal de rester dans le logement social dans certaines conditions de revenus. Il faut de la rotation dans le logement social. La majorité des gens à faible revenu ne sont pas dans le logement social, mais dans le privé, il faut les aider par des allocations de loyer. »

Alain Maron : «La SLRB est quasi en cessation de paiement »

Sans aller aussi loin, Alain Maron tire les conséquences de la politique du logement public à Bruxelles: « Il faut être conscient que le logement public ne va pas résoudre la crise du logement . Il faut sortir de ce fantasme On doit faire mieux avec l’argent qu’on a et je rejoins ce que dit Didier Gosuin, la SLRB est quasiment en cessation de paiement.»

Il encourage en revanche les projets définis comme «exemplaires» que sont les coopératives d’investisseurs : « Elle rachètent des logements à rénover et en font des logements à finalité sociale, parfois pour du public très défavorisé ». Ce type de démarche doit absolument être encouragé ».

En résumé, la politique bruxelloise du logement public relève au mieux du « fantasme », au pire, de la gabegie et de la mauvaise gestion. Socialement, écologiquement et économiquement, un projet tel que celui des Dames Blanches appartient à une époque révolue.

Dans 15 ans, le champ des Dames Blanches sera-t-il entièrement construit ?

Le préaccord entre la Commune et la Région prévoit de ne rien construire sur une partie du champ. Mais pour une durée de 15 ans seulement. Après ce délai, la SLRB pourrait aisément reprendre la bétonisation. L’exemple des potagers Ernotte Varda (Ixelles/Watermael-Boitsfort) en est l’illustration.

Il était une fois un grand potager à Ixelles, cultivé par des riverains. En 2009, l’idée est « apparue », d’y construire du logement social «pour résoudre la crise du logement». Une partie du terrain est alors construite. En 2011, les citoyens parviennent à sauver une bonne partie des potagers du bétonnage. Mais ce n’était que partie remise, car en 2018, les pouvoir publics remettent les couverts en invoquant « la nécessité de construire du logement social ». La mobilisation des riverains reprend, mais déjà la Commune assure que le site ne sera pas détruit entièrement… «mais qu’il faut répondre à la crise du logement ». Une politique de « grignotage » qui vise à faire oublier cette « tache verte » dans le paysage urbain.

Rappelons pourtant -une nouvelle fois- que près de 4500 logements sociaux bruxellois sont actuellement inoccupés faute d’entretien, qu’il y en a près de 4 fois plus dans le secteur privé et que des milliers de mètres carrés de bureaux ne demandent qu’à reprendre du service dans le logement.

Même scénario pour les Dames Blanches ?

Le plan défendu par la Région Bruxelloise avec l’aide de l’actuelle majorité s’inspire du même scénario.

Comme nous l’avons souvent répété, c’est dans 15 ans que la majorité en place (après trois élections successives !) devra prendra la décision d’acheter (ou non), la seconde partie du champ des Dames Blanches non construite lors de la première phase. Le prochain Bourgmestre (élu en 2036) aura alors 6 mois pour prendre sa décision. En cas de refus d’acheter le terrain, la SLRB pourra reprendre immédiatement ses constructions sur le champ. Ce qui pourrait amener, à terme, la construction de 400 ou 450 logements sur le Champ des Dames Blanches.

La conclusion de tout cela ? La volonté de la SLRB est bien de construire plus de 400 logements, et pour l’éviter, il faudrait compter (selon l’actuel Bourgmestre), sur la décision hypothétique du -prochain- Bourgmestre inconnu issu d’une majorité toute aussi inconnue qui sera en place vers …2037. A ce moment, Il faudra espérer que le budget communal (déjà en difficulté aujourd’hui) aura les ressources financières nécessaires pour réaliser l’achat, et que le Champ des Dames Blanches sera encore une priorité pour cette majorité future dirigée par des partis qui n’existent sans doute pas aujourd’hui.

Autant de points d’interrogation qui nous incitent à penser qu’il ne faudra plus attendre longtemps avant de voir disparaître ce qui pourrait encore rester le dernier champ agricole de la commune.

Heureusement, l’avenir du champ n’est pas encore écrit. L’importance que prend aujourd’hui le respect de l’environnement et la lutte contre la bétonisation des derniers espaces verts sont des arguments avancés par de nombreuses études. Dont celle du dernier rapport du Comité d’experts Climat bruxellois. Nous y reviendrons bientôt.