Nouvelle arnaque du champ des Dames Blanches :

2,5ha de « biodiversité » pour cacher 200 logements

Sud info annonce, comme un scoop, la création sur le champ des Dames Blanches, d’un « projet citoyen »  axé « sur l’agriculture urbaine, la biodiversité  et l’intégration des animaux en milieu urbain ». Le tout sur 2,5ha. Un superbe projet en apparence, qui cache un tour de passe-passe électoral.

Rappelons les faits : les promoteurs immobiliers du champ des Dames Blanches ( la SLRB et la majorité actuelle de Woluwe-Saint-Pierre) veulent construire 200 logements sur le champ des Dames Blanches. Un terrain totalement enclavé dont tout le monde sait qu’il provoquera de graves problèmes de circulation dans l’avenue des Dames Blanches. Pour faire passer ce projet, la Commune promet qu’une partie du terrain ( 2,5ha sur les 10ha constructibles) ne sera pas construit durant 15 ans. L’accord Commune/Région prévoit, qu’après ce délai, la majorité communale en place en 2040 ( !!!) aura la faculté de racheter cette partie non construite. Si elle ne le fait pas, la SRLB pourra construire une seconde phase de logements.

Qu’en est-il de la consultation populaire promise aux riverains ?

Le Bourgmestre a toujours déclaré que ce projet immobilier ne serait réalisé que si, et seulement si, les riverains du champ y apportent leur soutien à l’occasion d’une consultation populaire encore à venir. Elle semble tombée dans les oubliettes.

C’est donc hors contexte, et sans consultation sur le projet de construction immobilière, que « surgit » dans la presse, ce qui ressemble bien à un communiqué de la Région et de la Commune.

Tout y est cousu de fil blanc : les promoteurs immobiliers font comme si le projet de construction de 200 logements était acquis, ce qui n’est pas le cas.

Et l’on voit bien que même dans cet « ersatz » d’espace agricole et environnemental, le ver est dans le fruit : cette expérience sera limitée à 15 ans. Soit exactement la période au-delà de laquelle la seconde phase de construction pourra être entreprise, si la majorité de l’époque décide de ne pas racheter la zone 2 du champ. Par désintérêt ou simplement par manque d’argent.

Une impossibilité financière

Car, parlons-en de l’argent : la Commune doit déjà revoir ses investissements futurs à la baisse. La Région bruxelloise est fortement appauvrie, et tous les partis reconnaissent que la SLRB qui devrait être l’investisseur du projet de construction est en faillite virtuelle. Pour les chiffres précis (démentis par personne) Nous vous renvoyons à notre post sur l’interview de Didier Gosuin et  d’Alain Maron.

Si la Commune envisage d’animer le champ par des activités de biodiversité et d’agriculture urbaine, bravo, tous les riverains en seront heureux, mais si c’est pour mieux cacher la poursuite absurde de la bétonisation de l’une des dernières friches de la Région, c’est de la supercherie, voire de l’arnaque. La proximité des élections n’excuse pas tout.

Plus que jamais, il faut rester vigilants : l’offre d’un joli projet  environnemental  n’est que l’arbre qui cache une forêt de ….200 logements, voire le double lorsqu’arrivera le terme des 15 ans.

Alain Maron (Ecolo)  et Didier Gosuin (Défi) : la SLRB est en faillite

L’approche des élections délie les langues.  Sur les ondes de la RTBF, ce mercredi 22 mai, les ténors bruxellois d’Ecolo et de Défi reconnaissent l’échec de la SLRB et prônent des alternatives. Pourtant, à Woluwe-Saint-Pierre, ces deux mêmes partis soutiennent le projet des Dames Blanches dont le budget explose à près de 100 millions d’euros.

Pour Alain Maron, «Il faudra faire du logement supplémentaire, mais d’abord sur du logement existant ». Il évoque la conversion des bureaux en logements, et constate que « ça fonctionne » . Il veut aussi « socialiser des logements » grâce aux agences immobilières sociales : « On fait du win-win pour les locataires et les propriétaires, et cela fonctionne ». Ecolo mise donc sur le logement existant.

Didier Gosuin : On s’est gouré dans la politique du logement social »

Pour Défi, Didier Gosuin tire un constat plus sombre encore : « A la Région bruxelloise, tous partis confondus, on s’est gouré dans la politique du logement social. Aujourd’hui la société du logement social (SLRB) est quasiment en faillite. On est incapable à la fois de rénover et de construire. Il y a d’autre voies. Mon parti prône depuis longtemps -mais le PS est contre- d’octroyer des allocations de loyer. Le pouvoir public n’a plus les moyens de créer du logement. Par contre, dans le logement social, il faut introduire le bail à terme. Il n’est pas normal de rester dans le logement social dans certaines conditions de revenus. Il faut de la rotation dans le logement social. La majorité des gens à faible revenu ne sont pas dans le logement social, mais dans le privé, il faut les aider par des allocations de loyer. »

Alain Maron : «La SLRB est quasi en cessation de paiement »

Sans aller aussi loin, Alain Maron tire les conséquences de la politique du logement public à Bruxelles: « Il faut être conscient que le logement public ne va pas résoudre la crise du logement . Il faut sortir de ce fantasme On doit faire mieux avec l’argent qu’on a et je rejoins ce que dit Didier Gosuin, la SLRB est quasiment en cessation de paiement.»

Il encourage en revanche les projets définis comme «exemplaires» que sont les coopératives d’investisseurs : « Elle rachètent des logements à rénover et en font des logements à finalité sociale, parfois pour du public très défavorisé ». Ce type de démarche doit absolument être encouragé ».

En résumé, la politique bruxelloise du logement public relève au mieux du « fantasme », au pire, de la gabegie et de la mauvaise gestion. Socialement, écologiquement et économiquement, un projet tel que celui des Dames Blanches appartient à une époque révolue.

Dans 15 ans, le champ des Dames Blanches sera-t-il entièrement construit ?

Le préaccord entre la Commune et la Région prévoit de ne rien construire sur une partie du champ. Mais pour une durée de 15 ans seulement. Après ce délai, la SLRB pourrait aisément reprendre la bétonisation. L’exemple des potagers Ernotte Varda (Ixelles/Watermael-Boitsfort) en est l’illustration.

Il était une fois un grand potager à Ixelles, cultivé par des riverains. En 2009, l’idée est « apparue », d’y construire du logement social «pour résoudre la crise du logement». Une partie du terrain est alors construite. En 2011, les citoyens parviennent à sauver une bonne partie des potagers du bétonnage. Mais ce n’était que partie remise, car en 2018, les pouvoir publics remettent les couverts en invoquant « la nécessité de construire du logement social ». La mobilisation des riverains reprend, mais déjà la Commune assure que le site ne sera pas détruit entièrement… «mais qu’il faut répondre à la crise du logement ». Une politique de « grignotage » qui vise à faire oublier cette « tache verte » dans le paysage urbain.

Rappelons pourtant -une nouvelle fois- que près de 4500 logements sociaux bruxellois sont actuellement inoccupés faute d’entretien, qu’il y en a près de 4 fois plus dans le secteur privé et que des milliers de mètres carrés de bureaux ne demandent qu’à reprendre du service dans le logement.

Même scénario pour les Dames Blanches ?

Le plan défendu par la Région Bruxelloise avec l’aide de l’actuelle majorité s’inspire du même scénario.

Comme nous l’avons souvent répété, c’est dans 15 ans que la majorité en place (après trois élections successives !) devra prendra la décision d’acheter (ou non), la seconde partie du champ des Dames Blanches non construite lors de la première phase. Le prochain Bourgmestre (élu en 2036) aura alors 6 mois pour prendre sa décision. En cas de refus d’acheter le terrain, la SLRB pourra reprendre immédiatement ses constructions sur le champ. Ce qui pourrait amener, à terme, la construction de 400 ou 450 logements sur le Champ des Dames Blanches.

La conclusion de tout cela ? La volonté de la SLRB est bien de construire plus de 400 logements, et pour l’éviter, il faudrait compter (selon l’actuel Bourgmestre), sur la décision hypothétique du -prochain- Bourgmestre inconnu issu d’une majorité toute aussi inconnue qui sera en place vers …2037. A ce moment, Il faudra espérer que le budget communal (déjà en difficulté aujourd’hui) aura les ressources financières nécessaires pour réaliser l’achat, et que le Champ des Dames Blanches sera encore une priorité pour cette majorité future dirigée par des partis qui n’existent sans doute pas aujourd’hui.

Autant de points d’interrogation qui nous incitent à penser qu’il ne faudra plus attendre longtemps avant de voir disparaître ce qui pourrait encore rester le dernier champ agricole de la commune.

Heureusement, l’avenir du champ n’est pas encore écrit. L’importance que prend aujourd’hui le respect de l’environnement et la lutte contre la bétonisation des derniers espaces verts sont des arguments avancés par de nombreuses études. Dont celle du dernier rapport du Comité d’experts Climat bruxellois. Nous y reviendrons bientôt.

Dames Blanches

Financement, consultation populaire, mobilité … : Une nouvelle « convention » signée sans savoir.

Profitant de la période des fêtes, la Commune signe une nouvelle convention-cadre avec la Région, avant toute consultation populaire, sans réel plan financier, et en oubliant le dossier mobilité dont la faiblesse est reconnue par le Bourgmestre lui-même.

« Pourquoi s’enfoncer si vite dans un projet dans lequel il demeure autant d’incertitudes » s’est inquiété Etienne Dujardin lors du Conseil Communal (19 décembre) qui a voté la nouvelle convention ? Cette dernière pourra toujours être retirée, lorsque les riverains pourront (enfin) donner leur avis et s’y opposer, mais tout indique que le Bourgmestre joue la montre dans l’espoir de clôturer le dossier avant les élections. Est-ce bien démocratique ?

Aucun plan financier précis

On l’a dit souvent, les finances de la société des logements sociaux En Bord De Soignes (EBDS) sont largement dans le rouge depuis plusieurs années, et le trou se creuse. Pourtant, Benoît Cerexhe estime «sans pouvoir en parler en Conseil Communal, ne pas douter des capacités financières de EBDS de pouvoir gérer ce projet (ndlr : colossal) ». Un plan qui lui imposera pourtant des remboursements durant 27 ans (délai prévu dans la convention).

Par ailleurs, la Commune reconnaît, pour la première fois, une dépense de 4 millions d’euros pour les infrastructures collectives (crèche et centre communautaire), à payer avant 2027. Mais la Commune aurait obtenu «un accord de principe» sur un subside de la SLRB. Pour rappel, la SLRB, en charge des logements sociaux, dépend de la Région bruxelloise, dont les finances sont, elles aussi en (très) mauvaise santé. Rappelons que l’endettement de la Région -qui était de 11,4 milliards au 31 décembre 2022- devrait croître au cours des deux exercices suivants de plus de 2 milliards. La Cour des Comptes parle de manque de transparence du budget (RTBF).

Faute de données disponibles, Etienne Dujardin tente, de manière empirique, de calculer la faisabilité financière du projet de construction. Le projet étant financé à 50% par la SLRB , il reste 30 millions d’euros à charge d’EBDS (bailleur social). Malheureusement, dès 2024, la SLRB n’accordera plus de prêts à long terme aux SISP (sociétés de logement social) remarque Etienne Dujardin. La convention, qui vient d’être signée, assure pourtant qu’une solution financière sera trouvée d’ici 2029 (?!). Non seulement ce n’est pas précis, mais ce sera supporté par les prochaines majorités. «Dans le logement social, la règle est que le loyer ne peut dépasser plus de 20% des revenus des personnes. Soit 300 à 500 euros, calcule le Conseiller communal. Pour un montant de 30 millions d’euros à rembourser grâce aux loyers, l’on peut compter 500 euros X 12 mois X 27 ans (délai prévu de remboursement par la convention) X 120 logements sociaux. » On est bien loin ( la moitié à peine) du

montant requis. Et cela sans compter les taux d’intérêt, ni les frais d’entretien qui seront déjà importants après 15 ans.

« Ce n’est pas avec des projets comme ça qu’on va améliorer la santé financière de la SISP » remarque ironiquement Etienne Dujardin  qui conclut: «On nous demande de signer une convention portant sur un montant énorme, sans plan financier crédible.» Et la convention a bien été votée ce mardi.

La Commune abandonne le PPAS

Accusé par l’opposition d’avoir abandonné la défense du PPAS de 130 logements (soutenu à l’époque par l’actuel Bourgmestre), Benoît Cerexhe justifie sa position par le fait que la législation a changé et permettrait à la Région de tenter l’abroger ce PPAS. Pourtant, cette réalité existe depuis des années déjà, et n’a pas permis à la Région d’imposer deux projets (Dupuis en 2007 et Frémaud en 2017).

Par le passé, la Commune avait toujours soutenu le PPAS d’origine. Un bel exemple à suivre est donc celui de Boitsfort qui, avec les riverains, se bat pour protéger le Champ des Cailles.

Au contraire, l’argument invoqué par la majorité de Woluwe -Saint-Pierre reste le même depuis deux ans. Il tient en une phrase : « nous n’étions pas demandeurs de ce dernier projet, mais si on ne l’accepte pas, ce pourrait être pire la prochaine fois. » Tout le contraire d’une politique visionnaire, à un moment où l’évolution des mentalités est, au contraire, favorable à une Région plus écologique et à l’augmentation des zones vertes dans une région surpeuplée (cfr Alain Maron Ministre Ecolo). Le Champ de Dames Blanches est emblématique de cette vision futuriste.

Consultation populaire? «Plus tard»

Autre constat formulé par le Conseiller communal (MR) Etienne Dujardin : en signant au pas de charge cette convention avec la Région bruxelloise, la SLRB et En Bord de Soignes (EBDS), la Commune marque une rupture avec sa politique antérieure.  «En signant cette convention, on affaiblit le poids de l’avis qui sera demandé aux riverains. Si les habitants disent non, la Commune sera en difficulté avec la SLRB qui pourra sortir sa convention en cas de litige. »

Autre point inquiétant : l’impossible de savoir quand sera organisée la consultation populaire promise, alors que l’on ne connaît pas encore, selon le Bourgmestre, « la manière dont le projet urbanistique va se développer sur le terrain. » Bref, on signe des conventions déjà précises dans leur contenu, mais ce n’est pas encore assez clair pour demander l’avis des riverains.

Mobilité : un problème glissé sous le tapis

L’aspect mobilité aussi est oublié. Lors de la dernière réunion publique (on ne parle pas des 4 réunions secrètes tenues avec 20 personnes « choisies au hasard et rémunérées), tout le monde, y compris le Bourgmestre et certains Echevins ont reconnu que les paramètres de mobilité avaient été largement sous-estimés. Et là non plus, la convention n’apporte pas de réponse. Ce qui n’empêche pas la majorité de la signer.

Le plus mauvais moment pour signer

Pour l’anecdote, le point précédent celui des Dames Blanches au Conseil communal, portait sur le survol de Woluwe par les avions de Zaventem. Le Bourgmestre se révoltait, avec raison, que l’enquête publique de la Région flamande sur l’avenir du ciel bruxellois avait lieu pendant la période des fêtes « lorsque les gens pensent à autre chose ». C’est pourtant la même stratégie qu’il utilise aujourd’hui pour faire passer le vote de la convention-cadre sur le Champ des Dames Blanches.

Dans un autre contexte, on aurait pu en rire.

Réunion des Dames Blanches… «Caramba, encore raté »

Lundi soir avait lieu la présentation du projet de construction retenu par un «jury». Une proposition rejetée en masse par les riverains venus en nombre.

En principe, la soirée avait pour but de présenter le projet architectural retenu par un jury autodésigné ayant à choisir parmi cinq propositions. Un scénario bien organisé, qui semblait toutefois oublier qu’aucun accord des riverains du champ n’a encore été demandé, ni obtenu à ce jour. Ils étaient venus le rappeler.

Les représentants de Citydev ont d’abord tenté de justifier -une nouvelle fois- le choix de désigner 21 personnes « tirées au hasard » et rémunérées pour chaque présence  à des réunions secrètes qui ont précédé cette première réunion publique depuis 6 mois. Les 21 personnes avaient dû signer un accord de confidentialité leur interdisant de communiquer avec les autres riverains. Nous ne reviendrons pas sur ce haut fait de la transparence politique.

Des « micro-refuges pour animaux »

La technique, très connue en politique, est celle du principe de répétition : si les habitants n’acceptent pas une proposition, c’est parce qu’ils n’ont pas bien compris. Il suffit de la leur réexpliquer sans cesse jusqu’à ce qu’ils abandonnent. Mais les participants avaient leurs propres questions.

Plutôt que de la taille des briques et des « micro-refuges pour animaux », les riverains ont voulu parler trafic routier dans l’avenue des Dames Blanches, places de parking insuffisantes, financement du projet, avenir incertain de la zone 2 .1  « non constructible »…

Budget mal ficelé

Un membre de la SLRB, propriétaire sociale du terrain, confirme que la Société bruxelloise du Logement interviendra pour 50% dans le financement de la construction des logements sociaux (120 sur les 200 prévus). C’est donc à « En Bord de Soignes », en grandes difficultés financières (voir nos posts précédents) de financer le reste alors que ses pertes, pour 2022, sont proches de 850.000 Euros). Le Bourgmestre, actionnaire à 30% de Bord de Soignes, a immédiatement confirmé -comme il le fait depuis le début- que la Commune n’interviendra pas pour un Euro dans ce projet.

Et comment comprendre cet acharnement à vouloir construire 200 logements alors que « En Bord De Soignes » compte 234 logements sociaux inoccupés depuis parfois plus de 10 ans. Avec un risque réel : un propriétaire privé vient d’être condamné pour ne pas avoir rénové un logement inoccupé. (voir posts précédents)

L’autre problème financier évoqué par les riverains est celui de l’achat de la zone 2.1 par la Commune, pour éviter toute construction dans 15 ans, comme le prévoit le protocole d‘accord entre la Région bruxelloise et la Commune. Le but annoncé est de provisionner un montant annuel pendant 15 ans pour acheter la zone non construite lorsque la majorité (inconnue) devra décider, dans 15 ans, d’acquérir, ou non, cette partie de terrain. C’est là que commence le flou total : personne ne sait (pas même le Bourgmestre) quel sera le prix demandé par la SLRB. Le provisionnement annuel de 500.000 euros prévu depuis cette année ne repose donc sur rien. Qui peut croire que le terrain de plusieurs hectares, situé à Woluwe-Saint-Pierre, sera vendu 7,5 millions d’Euros dans … 15 ans ? Mais surtout, personne ne peut dire, aujourd’hui, quelle sera la politique menée par la majorité de la Commune de Woluwe-St-Pierre en 2037 (3 élections successives). Les priorités du moment, les volontés du Bourgmestre de l’époque, l’état des finances de la Commune et de la Région interdisent de tirer le moindre plan sur la comète. C’est l’un des gros points faibles de ce scénario : les promesses n’engagent que ceux qui y croient. 

Mobilité : faudra qu’on en reparle

Un obstacle immédiatement évoqué face au projet de la SLRB soutenu par la Commune est celui de la mobilité. L’aspect enclavé du champ ne permet pas de faire entrer et sortir les centaines de voitures du champ par l’avenue des Dames Blanches en un seul point « où aucun feu n’est prévu pour l’instant ». Les véhicules des habitants, des visiteurs, des sociétés de transport et du personnel de la crèche impacteront considérablement le trafic dans cette avenue au gabarit étroit. La crainte des habitants est de voir l’avenue des Dames Blanches élargie pour en accélérer le débit.

Le parking des véhicules inquiète également : le nombre de places prévues est largement inférieur à un véhicule par ménage . D’autant qu’il faut y ajouter le personnel de la crèche et les parents qui viennent et repartent 2 fois par jour. La recherche de places pour les véhicules supplémentaires générés par ce projet ne pourra qu’entrer en concurrence avec celles du vieux quartier et de Sainte -lix, tous deux déjà saturés dès la fin d’après-midi. 

Voitures électriques en souterrain ?

Un participant s’est légitimement inquiété des parkings prévus sur le champ. Tous sont placés en souterrain. Or, l’avenir est au véhicule électrique. Et déjà, des voix se lèvent contre l’installation en sous-sol de telles voitures dont les incendies liés aux batteries rendent les interventions des pompiers pratiquement impossibles. L’emballement thermique ne peut être arrêté par de l’eau ou une privation d’oxygène et les véhicules brûlent avec deux fois plus d’intensité que lors d’un incendie normal.

Bref, la mobilité reste un vrai problème, comme l’a reconnu le Bourgmestre lui-même :  « la mobilité reste un point important ».

Tout comme celui lié aux problèmes d’écoulement d’eau, s’il est vrai que le projet représente 63% d’emprise au sol en termes de minéralisation. Difficile de croire que quelques « noues » suffiront à retenir les flots en cas de fortes pluies.

Respect du PPAS ?

La présentation du projet retenu par le « jury » avançait par ailleurs le respect du PPAS (Plan Particulier d’Affectation du Sol toujours actuel). L’argument de la Région repose sur le fait que le projet respecte le gabarit des bâtiments du PPAS… Et c’est tout.  Par souci d’exactitude, des participants ont voulu ajouter que le PPAS (qui date du début des années 2000) prévoit un nombre de 120 à 130 logements, et non 200 logements. Et que même pour ce nombre de logements plus réduit, il est prévu deux voies d’accès pour éviter d’engorger l’avenue des Dames Blanches.

Depuis le projet de construction précédent (2017) le Bourgmestre s’était, en outre, engagé à ce que le projet soit équilibré entre 1/3 de logements sociaux, 1/3 de locatif moyen et 1/3 d’acquisitif).

Et la consultation populaire dans tout cela ?

Alors que l’on ne parlait plus que d’une future enquête publique (purement légale), le Bourgmestre a confirmé qu’il y aura bien une véritable consultation populaire avant la procédure légale, mais sans en préciser la date.

 En conclusion…

La réunion de lundi relevait simplement de l’information donnée par un « jury » sur son souhait de construire un projet de promotion immobilière. Ce n’est pas faire injure à la vérité que de dire qu’il a été fraîchement reçu. 

Nous étions le 13 du mois… lundi, certains ont dû croire à la numérologie.

Réunion sur les « projets » Dames Blanches, lundi 13 novembre

5000 habitants de Woluwe-St-Pierre ont reçu une invitation à venir « découvrir » les propositions architecturales des projets Dames Blanches lundi prochain, 13 novembre. Tout est fait pour que personne n’y vienne. Il y a d’abord le délai de 6 jours beaucoup trop court. Ensuite, le pensum  du toutes-boîtes est écrit dans un style administratif que ne démentirait pas Courteline. Pas moins de deux pages (par langue) qui révèlent un besoin de la Commune et de la SLRB de se justifier à tout prix. Et surtout, pour la première fois depuis que le champ des Dames Blanches fait polémique, la réunion n’aura pas lieu dans le quartier des Dames Blanches, mais à la Maison Communale. La ficelle est un peu grosse.

Malgré la méthode, nous incitons les riverains à participer à la réunion de lundi à 18H30. Car rappelons que la décision de construire ce projet sur le champ des Dames Blanches n’est absolument pas acquise. Souvenons-nous que le Bourgmestre s’est engagé, voici plusieurs années, à n’accepter aucune construction qui ne respecterait pas le PPAS, ni la proportion 2/3- 1/3 (logements privatifs : logements sociaux). Et surtout qui n’accueillerait pas un large consensus parmi les habitants… On en est loin, très loin.

Accueillir les Gens du Voyage sur le Champ des Dames Blanches (2ème épisode)

Voici quelques jours, nous avions révélé que l’appel à projet officiel pour l’avenir de la partie 2.1 du champ envisageait d’accueillir un camp pour «les Gens du Voyage». Grâce à nous, la Commune a découvert ce qu’elle présente désormais comme une « coquille » (dixit le Chef de Cabinet du Bourgmestre Cerexhe).  La vraie question est donc:  la Commune est-elle encore aux commandes du projet Dames Blanches? Est-elle tenue au courant de l’évolution du projet ?

Depuis près de deux ans, on voit bien que l’éventuelle construction du champ n’est plus du tout gérée  par la majorité communale, mais exclusivement par la Région bruxelloise (la Secrétaire d’Etat au logement Nawal Ben Hamou) et son bras armé la SLRB. Les gestionnaires de ce processus sont légion :  Citydev et des flopées d’architectes, urbanistes et autres « spécialistes » chargés de nous convaincre. Les élus de Woluwe, eux, se taisent dans toutes les langues malgré les nombreuses questions des riverains et leurs craintes face à la procédure opaque et antidémocratique mise en place depuis 6 mois (désignation de 21 personnes rémunérées pour remplacer les réunions citoyennes).

Le dernier épisode de la « coquille » des Gens du Voyage est le dernier avatar du renoncement de la Commune au profit de la Secrétaire d’Etat au logement. 

Il est temps de mettre un terme à ce pseudo processus participatif qui a déjà coûté très cher. Rien que pour le seul « Appel pour projet Dames Blanches », un montant de 100.000 euros est déjà libéré. Et cela, alors que rien ne permet encore à personne de déclarer que la construction du champ aura bien lieu.

Rappelons que, depuis des années, le Bourgmestre s’est en effet engagé à ne pas modifier le PPAS (qui ne prévoit que près de 130 logements et deux voies d’accès), à prévoir un plan de mobilité digne de ce nom, à appliquer la règle des trois tiers (1/3 de logements sociaux, 1/3 de locatif moyen et 1/3 d’acquisitif).

Et surtout, il s’est engagé à obtenir le « consensus des habitants ».

Mais voilà, rien de tout cela n’est arrivé. A la place, nous sommes confrontés à une stratégie de l’enfumage développée depuis deux ans par la Région et ses multiples structures politico-administratives. Comme pour endormir la population.

Monsieur le Bourgmestre reprenez votre liberté et écoutez les riverains.

Accueillir les Gens du Voyage sur le Champ des Dames blanches

A titre d’information, nous remarquons que dans l’appel à projet officiel pour la partie du champ 2.1,  on peut lire ceci:

« Depuis plusieurs années, la Région bruxelloise est à la recherche de terrains pouvant accueillir de manière permanente les Gens du voyage, les terrains actuels ne répondant plus aux besoins de cette population. Le terrain des Dames blanches présente des caractéristiques intéressantes (grande superficie, localisation facile d’accès pour des caravanes, topographie, etc.) pour répondre à ce besoin. Aux occupations temporaires déjà prévues sur le site pourraient potentiellement se greffer l’installation d’une dizaine de caravanes qui ne nécessite pas une bétonnisation et assez peu d’aménagements.»

Champ des Dames Blanches: c’est plus efficace sans la démocratie?

Le projet de construction sur le champ des Dames Blanches est-il conclu ? Absolument pas. Pourtant, le Bourgmestre Cerexhe écrit le contraire dans la dernière édition de WoluMag. Une véritable manipulation.

Faut-il rappeler que de nombreux riverains sont opposés au projet de construction sur le champ des Dames Blanches? Et, mis à part un montage flou signé, sans base légale, entre la Commune et la SLRB, (sous la pression de la Région bruxelloise), aucun accord n’existe entre les riverains du champ des Dames Blanches et le Bourgmestre Benoît Cerexhe. Simplement un « protocole d’accord » qui n’engage pas la population locale. Mais la Commune fait comme si tout était décidé.

Les riverains ne sont pas assez favorables au projet

Depuis la signature (durant les vacances d’été de 2021), la Commune avait lancé une « procédure participative » sous formes d’ateliers et de réunions avec la population. Après 4 de ces « ateliers », réunions et promenades sur le champ, la Commune a estimé que les participants n’étaient pas assez favorables au projet. Elle a donc décidé d’interrompre la procédure pour la remplacer par un « panel » de 21 personnes tirées au hasard, en excluant les habitants trop encombrants qui participaient volontairement aux premières réunions.

Un simulacre de démocratie

Depuis cette décision arbitraire, trois « moments » (sic) ont été organisés avec les personnes désignées d’office par une entreprise privée. Les 21 habitants « retenus » ont dû signer un accord de confidentialité, leur interdisant de communiquer quoi que ce soit sur le contenu des réunions avec les autres riverains du champ.

Début septembre 2023, une rencontre du « panel », s’est tenue avec des architectes, afin de «donner un avis » sur les 5 projets d’architecture. Rappelons une nouvelle fois que ces réunions sont secrètes, et que les participants rémunérés ne peuvent communiquer. Selon nos sources, les plans présentés suggèrent des bâtiments plus haut de prévus (soit des «rez plus trois étages) et que la construction sur la seconde zone -2.1) serait toujours d’actualité. Une personne qui a tenté de prendre une photo s’est vue obligée de l’effacer de son smartphone. Par ailleurs, plusieurs participants se sont déjà fait remplacer depuis le lancement de cette étonnante procédure.

Malgré ce simulacre de participation élaboré en dehors de toute transparence, on peut lire que le bourgmestre se félicite de «la désignation prochaine du bureau d’architecture qui sera chargé de la construction… ». Comme si le contrat était signé, alors qu’il n’en est rien. Les craintes portant notamment sur la mobilité et l‘environnement ne sont aucunement levées.

Il n’est pas trop tard pour arrêter cette machine infernale

Ainsi, après avoir supprimé les nombreux ateliers de participation de la population au profit d’un «panel» de 21 personnes tirées au hasard et rémunérées (35 euros par réunion), on cherche maintenant à donner l’impression que tout est plié. Les riverains du champ doivent pourtant savoir qu’il n’en est rien et que les mois qui viennent seront déterminants pour l’avenir du champ, de la qualité de l’environnement et de la densité du trafic. Sans parler du financement du projet qui est totalement impossible pour En Bord de Soignes.

Ce vendredi 15 septembre, la SLRB a annoncé un nouveau planning des réunions qui débutera vers la mi-octobre pour déboucher sur un avant-projet en avril 2024. Décidément, tout s’accélère. Il n’est pas trop tard pour arrêter cette machine infernale. Mais il est temps.

Financement du logement social : une vision apocalyptique

La Libre et la RTBF se penchent presque simultanément sur le drame financier que vivent la Région bruxelloise et les sociétés de logement social. Sous l’angle budgétaire, c’est la panique à tous les étages. Il n’y a plus d’argent pour rénover 37.000 logements sociaux, mais toujours la volonté d’en construire 200 sur l’un des derniers champs de la Région.

Selon La Libre, la Région bruxelloise doit rénover près de 37.000 logements sociaux. Le budget estimé est de 900 millions d’euros sur 10 ans. Mais ce montant, selon plusieurs directeurs de sociétés de logements sociaux (SISP), sera largement insuffisant. L’inflation et l’explosion du prix des matériaux sont passés par là. A cela s’ajoute désormais l’indexation des salaires du personnel des SISP, qui manifestent désormais pour une revalorisation salariale.

Pour les directeurs des SISP, « Avec ces hausses, sur 10 ans, on ne pourra pas faire tous les projets imaginés ». La RTBF donne un exemple pratique de l’explosion des prix : le directeur de la SISP Comension explique que la rénovation en profondeur de son parc social était estimée à 51 millions d’euros sur 10 ans. Mais « selon ses calculs », il faudra désormais y ajouter 68 millions pour boucler le budget.

Augmenter les loyers ? Revendre des biens ? Demander plus d’argent à la Région ?

Selon les directeurs des SISP, une piste est l’augmentation des loyers et /ou l’obtention d’argent supplémentaire de la Région. ”En résumé, nos coûts augmentent tandis que nos revenus baissent » résume Aziz Sopi, directeur général d’En Bord de Soignes. Cette SISP (dont fait partie Woluwe-Saint-Pierre) était en perte de 500.000 euros en 2021, et de 840.000 euros en 2022.

Aziz Sopi se dit favorable à la revente de certains logements, et à l’augmentation des loyers. En revanche, pour Raphaël Jehotte, président de la SLRB, il n’est « pas question de vente de patrimoine”.

Bref, un catastrophe financière qui n’empêche pas la Commune de se battre pour construire 200 logements sur le champ des Dames Blanches tellement enclavé que la seule avenue des Dames Blanches ne pourra pas supporter l’augmentation de trafic.  

« Les difficultés financières sont généralisées dans les SSIP à Bruxelles », pointe pour sa part Etienne Dujardin, conseiller communal (MR) administrateur de la SISP En bord de Soignes. « Les règles, notamment financières, imposées par la tutelle, empêchent les sociétés de logement de faire leur travail, de rénover les logements vides rapidement. Il y a des milliers de logements publics vides à Bruxelles faute de rénovation et des milliers d’autres à rénover d’urgence.« 

On verra après les élections

La Libre rapporte encore que, de son côté, le cabinet de Nawal Ben Hamou (PS), Secrétaire d’État au Logement se dit « conscient du fait que les moyens actuels ne pourront pas suffire pour la rénovation de logements et l’acquisition de logements » et reconnaît les difficultés budgétaires de la Région. Un groupe de réflexion sur le sujet présentera ses conclusions en fin d’année. Mais le cabinet prévient déjà : c’est le prochain gouvernement désigné en 2024 (si tout va bien) qui prendra sa décision à propos de la politique du logement. Et donc des priorités en la matière.

Harcèlement politique pour construire sur le champ

Face à cette description apocalyptique, la conclusion est simple : les finances publiques ne suffisent déjà plus à entretenir le parc immobilier social. 37.000 logement doivent être rénovés… mais la Région et la Commune de Woluwe veulent à tout prix supprimer le champ des Dames Blanches pour y construire 200 logements. A ce niveau, ce n’est plus de la politique, c’est du harcèlement.