Dames Blanches

Financement, consultation populaire, mobilité … : Une nouvelle « convention » signée sans savoir.

Profitant de la période des fêtes, la Commune signe une nouvelle convention-cadre avec la Région, avant toute consultation populaire, sans réel plan financier, et en oubliant le dossier mobilité dont la faiblesse est reconnue par le Bourgmestre lui-même.

« Pourquoi s’enfoncer si vite dans un projet dans lequel il demeure autant d’incertitudes » s’est inquiété Etienne Dujardin lors du Conseil Communal (19 décembre) qui a voté la nouvelle convention ? Cette dernière pourra toujours être retirée, lorsque les riverains pourront (enfin) donner leur avis et s’y opposer, mais tout indique que le Bourgmestre joue la montre dans l’espoir de clôturer le dossier avant les élections. Est-ce bien démocratique ?

Aucun plan financier précis

On l’a dit souvent, les finances de la société des logements sociaux En Bord De Soignes (EBDS) sont largement dans le rouge depuis plusieurs années, et le trou se creuse. Pourtant, Benoît Cerexhe estime «sans pouvoir en parler en Conseil Communal, ne pas douter des capacités financières de EBDS de pouvoir gérer ce projet (ndlr : colossal) ». Un plan qui lui imposera pourtant des remboursements durant 27 ans (délai prévu dans la convention).

Par ailleurs, la Commune reconnaît, pour la première fois, une dépense de 4 millions d’euros pour les infrastructures collectives (crèche et centre communautaire), à payer avant 2027. Mais la Commune aurait obtenu «un accord de principe» sur un subside de la SLRB. Pour rappel, la SLRB, en charge des logements sociaux, dépend de la Région bruxelloise, dont les finances sont, elles aussi en (très) mauvaise santé. Rappelons que l’endettement de la Région -qui était de 11,4 milliards au 31 décembre 2022- devrait croître au cours des deux exercices suivants de plus de 2 milliards. La Cour des Comptes parle de manque de transparence du budget (RTBF).

Faute de données disponibles, Etienne Dujardin tente, de manière empirique, de calculer la faisabilité financière du projet de construction. Le projet étant financé à 50% par la SLRB , il reste 30 millions d’euros à charge d’EBDS (bailleur social). Malheureusement, dès 2024, la SLRB n’accordera plus de prêts à long terme aux SISP (sociétés de logement social) remarque Etienne Dujardin. La convention, qui vient d’être signée, assure pourtant qu’une solution financière sera trouvée d’ici 2029 (?!). Non seulement ce n’est pas précis, mais ce sera supporté par les prochaines majorités. «Dans le logement social, la règle est que le loyer ne peut dépasser plus de 20% des revenus des personnes. Soit 300 à 500 euros, calcule le Conseiller communal. Pour un montant de 30 millions d’euros à rembourser grâce aux loyers, l’on peut compter 500 euros X 12 mois X 27 ans (délai prévu de remboursement par la convention) X 120 logements sociaux. » On est bien loin ( la moitié à peine) du

montant requis. Et cela sans compter les taux d’intérêt, ni les frais d’entretien qui seront déjà importants après 15 ans.

« Ce n’est pas avec des projets comme ça qu’on va améliorer la santé financière de la SISP » remarque ironiquement Etienne Dujardin  qui conclut: «On nous demande de signer une convention portant sur un montant énorme, sans plan financier crédible.» Et la convention a bien été votée ce mardi.

La Commune abandonne le PPAS

Accusé par l’opposition d’avoir abandonné la défense du PPAS de 130 logements (soutenu à l’époque par l’actuel Bourgmestre), Benoît Cerexhe justifie sa position par le fait que la législation a changé et permettrait à la Région de tenter l’abroger ce PPAS. Pourtant, cette réalité existe depuis des années déjà, et n’a pas permis à la Région d’imposer deux projets (Dupuis en 2007 et Frémaud en 2017).

Par le passé, la Commune avait toujours soutenu le PPAS d’origine. Un bel exemple à suivre est donc celui de Boitsfort qui, avec les riverains, se bat pour protéger le Champ des Cailles.

Au contraire, l’argument invoqué par la majorité de Woluwe -Saint-Pierre reste le même depuis deux ans. Il tient en une phrase : « nous n’étions pas demandeurs de ce dernier projet, mais si on ne l’accepte pas, ce pourrait être pire la prochaine fois. » Tout le contraire d’une politique visionnaire, à un moment où l’évolution des mentalités est, au contraire, favorable à une Région plus écologique et à l’augmentation des zones vertes dans une région surpeuplée (cfr Alain Maron Ministre Ecolo). Le Champ de Dames Blanches est emblématique de cette vision futuriste.

Consultation populaire? «Plus tard»

Autre constat formulé par le Conseiller communal (MR) Etienne Dujardin : en signant au pas de charge cette convention avec la Région bruxelloise, la SLRB et En Bord de Soignes (EBDS), la Commune marque une rupture avec sa politique antérieure.  «En signant cette convention, on affaiblit le poids de l’avis qui sera demandé aux riverains. Si les habitants disent non, la Commune sera en difficulté avec la SLRB qui pourra sortir sa convention en cas de litige. »

Autre point inquiétant : l’impossible de savoir quand sera organisée la consultation populaire promise, alors que l’on ne connaît pas encore, selon le Bourgmestre, « la manière dont le projet urbanistique va se développer sur le terrain. » Bref, on signe des conventions déjà précises dans leur contenu, mais ce n’est pas encore assez clair pour demander l’avis des riverains.

Mobilité : un problème glissé sous le tapis

L’aspect mobilité aussi est oublié. Lors de la dernière réunion publique (on ne parle pas des 4 réunions secrètes tenues avec 20 personnes « choisies au hasard et rémunérées), tout le monde, y compris le Bourgmestre et certains Echevins ont reconnu que les paramètres de mobilité avaient été largement sous-estimés. Et là non plus, la convention n’apporte pas de réponse. Ce qui n’empêche pas la majorité de la signer.

Le plus mauvais moment pour signer

Pour l’anecdote, le point précédent celui des Dames Blanches au Conseil communal, portait sur le survol de Woluwe par les avions de Zaventem. Le Bourgmestre se révoltait, avec raison, que l’enquête publique de la Région flamande sur l’avenir du ciel bruxellois avait lieu pendant la période des fêtes « lorsque les gens pensent à autre chose ». C’est pourtant la même stratégie qu’il utilise aujourd’hui pour faire passer le vote de la convention-cadre sur le Champ des Dames Blanches.

Dans un autre contexte, on aurait pu en rire.

Réunion des Dames Blanches… «Caramba, encore raté »

Lundi soir avait lieu la présentation du projet de construction retenu par un «jury». Une proposition rejetée en masse par les riverains venus en nombre.

En principe, la soirée avait pour but de présenter le projet architectural retenu par un jury autodésigné ayant à choisir parmi cinq propositions. Un scénario bien organisé, qui semblait toutefois oublier qu’aucun accord des riverains du champ n’a encore été demandé, ni obtenu à ce jour. Ils étaient venus le rappeler.

Les représentants de Citydev ont d’abord tenté de justifier -une nouvelle fois- le choix de désigner 21 personnes « tirées au hasard » et rémunérées pour chaque présence  à des réunions secrètes qui ont précédé cette première réunion publique depuis 6 mois. Les 21 personnes avaient dû signer un accord de confidentialité leur interdisant de communiquer avec les autres riverains. Nous ne reviendrons pas sur ce haut fait de la transparence politique.

Des « micro-refuges pour animaux »

La technique, très connue en politique, est celle du principe de répétition : si les habitants n’acceptent pas une proposition, c’est parce qu’ils n’ont pas bien compris. Il suffit de la leur réexpliquer sans cesse jusqu’à ce qu’ils abandonnent. Mais les participants avaient leurs propres questions.

Plutôt que de la taille des briques et des « micro-refuges pour animaux », les riverains ont voulu parler trafic routier dans l’avenue des Dames Blanches, places de parking insuffisantes, financement du projet, avenir incertain de la zone 2 .1  « non constructible »…

Budget mal ficelé

Un membre de la SLRB, propriétaire sociale du terrain, confirme que la Société bruxelloise du Logement interviendra pour 50% dans le financement de la construction des logements sociaux (120 sur les 200 prévus). C’est donc à « En Bord de Soignes », en grandes difficultés financières (voir nos posts précédents) de financer le reste alors que ses pertes, pour 2022, sont proches de 850.000 Euros). Le Bourgmestre, actionnaire à 30% de Bord de Soignes, a immédiatement confirmé -comme il le fait depuis le début- que la Commune n’interviendra pas pour un Euro dans ce projet.

Et comment comprendre cet acharnement à vouloir construire 200 logements alors que « En Bord De Soignes » compte 234 logements sociaux inoccupés depuis parfois plus de 10 ans. Avec un risque réel : un propriétaire privé vient d’être condamné pour ne pas avoir rénové un logement inoccupé. (voir posts précédents)

L’autre problème financier évoqué par les riverains est celui de l’achat de la zone 2.1 par la Commune, pour éviter toute construction dans 15 ans, comme le prévoit le protocole d‘accord entre la Région bruxelloise et la Commune. Le but annoncé est de provisionner un montant annuel pendant 15 ans pour acheter la zone non construite lorsque la majorité (inconnue) devra décider, dans 15 ans, d’acquérir, ou non, cette partie de terrain. C’est là que commence le flou total : personne ne sait (pas même le Bourgmestre) quel sera le prix demandé par la SLRB. Le provisionnement annuel de 500.000 euros prévu depuis cette année ne repose donc sur rien. Qui peut croire que le terrain de plusieurs hectares, situé à Woluwe-Saint-Pierre, sera vendu 7,5 millions d’Euros dans … 15 ans ? Mais surtout, personne ne peut dire, aujourd’hui, quelle sera la politique menée par la majorité de la Commune de Woluwe-St-Pierre en 2037 (3 élections successives). Les priorités du moment, les volontés du Bourgmestre de l’époque, l’état des finances de la Commune et de la Région interdisent de tirer le moindre plan sur la comète. C’est l’un des gros points faibles de ce scénario : les promesses n’engagent que ceux qui y croient. 

Mobilité : faudra qu’on en reparle

Un obstacle immédiatement évoqué face au projet de la SLRB soutenu par la Commune est celui de la mobilité. L’aspect enclavé du champ ne permet pas de faire entrer et sortir les centaines de voitures du champ par l’avenue des Dames Blanches en un seul point « où aucun feu n’est prévu pour l’instant ». Les véhicules des habitants, des visiteurs, des sociétés de transport et du personnel de la crèche impacteront considérablement le trafic dans cette avenue au gabarit étroit. La crainte des habitants est de voir l’avenue des Dames Blanches élargie pour en accélérer le débit.

Le parking des véhicules inquiète également : le nombre de places prévues est largement inférieur à un véhicule par ménage . D’autant qu’il faut y ajouter le personnel de la crèche et les parents qui viennent et repartent 2 fois par jour. La recherche de places pour les véhicules supplémentaires générés par ce projet ne pourra qu’entrer en concurrence avec celles du vieux quartier et de Sainte -lix, tous deux déjà saturés dès la fin d’après-midi. 

Voitures électriques en souterrain ?

Un participant s’est légitimement inquiété des parkings prévus sur le champ. Tous sont placés en souterrain. Or, l’avenir est au véhicule électrique. Et déjà, des voix se lèvent contre l’installation en sous-sol de telles voitures dont les incendies liés aux batteries rendent les interventions des pompiers pratiquement impossibles. L’emballement thermique ne peut être arrêté par de l’eau ou une privation d’oxygène et les véhicules brûlent avec deux fois plus d’intensité que lors d’un incendie normal.

Bref, la mobilité reste un vrai problème, comme l’a reconnu le Bourgmestre lui-même :  « la mobilité reste un point important ».

Tout comme celui lié aux problèmes d’écoulement d’eau, s’il est vrai que le projet représente 63% d’emprise au sol en termes de minéralisation. Difficile de croire que quelques « noues » suffiront à retenir les flots en cas de fortes pluies.

Respect du PPAS ?

La présentation du projet retenu par le « jury » avançait par ailleurs le respect du PPAS (Plan Particulier d’Affectation du Sol toujours actuel). L’argument de la Région repose sur le fait que le projet respecte le gabarit des bâtiments du PPAS… Et c’est tout.  Par souci d’exactitude, des participants ont voulu ajouter que le PPAS (qui date du début des années 2000) prévoit un nombre de 120 à 130 logements, et non 200 logements. Et que même pour ce nombre de logements plus réduit, il est prévu deux voies d’accès pour éviter d’engorger l’avenue des Dames Blanches.

Depuis le projet de construction précédent (2017) le Bourgmestre s’était, en outre, engagé à ce que le projet soit équilibré entre 1/3 de logements sociaux, 1/3 de locatif moyen et 1/3 d’acquisitif).

Et la consultation populaire dans tout cela ?

Alors que l’on ne parlait plus que d’une future enquête publique (purement légale), le Bourgmestre a confirmé qu’il y aura bien une véritable consultation populaire avant la procédure légale, mais sans en préciser la date.

 En conclusion…

La réunion de lundi relevait simplement de l’information donnée par un « jury » sur son souhait de construire un projet de promotion immobilière. Ce n’est pas faire injure à la vérité que de dire qu’il a été fraîchement reçu. 

Nous étions le 13 du mois… lundi, certains ont dû croire à la numérologie.

Réunion sur les « projets » Dames Blanches, lundi 13 novembre

5000 habitants de Woluwe-St-Pierre ont reçu une invitation à venir « découvrir » les propositions architecturales des projets Dames Blanches lundi prochain, 13 novembre. Tout est fait pour que personne n’y vienne. Il y a d’abord le délai de 6 jours beaucoup trop court. Ensuite, le pensum  du toutes-boîtes est écrit dans un style administratif que ne démentirait pas Courteline. Pas moins de deux pages (par langue) qui révèlent un besoin de la Commune et de la SLRB de se justifier à tout prix. Et surtout, pour la première fois depuis que le champ des Dames Blanches fait polémique, la réunion n’aura pas lieu dans le quartier des Dames Blanches, mais à la Maison Communale. La ficelle est un peu grosse.

Malgré la méthode, nous incitons les riverains à participer à la réunion de lundi à 18H30. Car rappelons que la décision de construire ce projet sur le champ des Dames Blanches n’est absolument pas acquise. Souvenons-nous que le Bourgmestre s’est engagé, voici plusieurs années, à n’accepter aucune construction qui ne respecterait pas le PPAS, ni la proportion 2/3- 1/3 (logements privatifs : logements sociaux). Et surtout qui n’accueillerait pas un large consensus parmi les habitants… On en est loin, très loin.

Accueillir les Gens du Voyage sur le Champ des Dames Blanches (2ème épisode)

Voici quelques jours, nous avions révélé que l’appel à projet officiel pour l’avenir de la partie 2.1 du champ envisageait d’accueillir un camp pour «les Gens du Voyage». Grâce à nous, la Commune a découvert ce qu’elle présente désormais comme une « coquille » (dixit le Chef de Cabinet du Bourgmestre Cerexhe).  La vraie question est donc:  la Commune est-elle encore aux commandes du projet Dames Blanches? Est-elle tenue au courant de l’évolution du projet ?

Depuis près de deux ans, on voit bien que l’éventuelle construction du champ n’est plus du tout gérée  par la majorité communale, mais exclusivement par la Région bruxelloise (la Secrétaire d’Etat au logement Nawal Ben Hamou) et son bras armé la SLRB. Les gestionnaires de ce processus sont légion :  Citydev et des flopées d’architectes, urbanistes et autres « spécialistes » chargés de nous convaincre. Les élus de Woluwe, eux, se taisent dans toutes les langues malgré les nombreuses questions des riverains et leurs craintes face à la procédure opaque et antidémocratique mise en place depuis 6 mois (désignation de 21 personnes rémunérées pour remplacer les réunions citoyennes).

Le dernier épisode de la « coquille » des Gens du Voyage est le dernier avatar du renoncement de la Commune au profit de la Secrétaire d’Etat au logement. 

Il est temps de mettre un terme à ce pseudo processus participatif qui a déjà coûté très cher. Rien que pour le seul « Appel pour projet Dames Blanches », un montant de 100.000 euros est déjà libéré. Et cela, alors que rien ne permet encore à personne de déclarer que la construction du champ aura bien lieu.

Rappelons que, depuis des années, le Bourgmestre s’est en effet engagé à ne pas modifier le PPAS (qui ne prévoit que près de 130 logements et deux voies d’accès), à prévoir un plan de mobilité digne de ce nom, à appliquer la règle des trois tiers (1/3 de logements sociaux, 1/3 de locatif moyen et 1/3 d’acquisitif).

Et surtout, il s’est engagé à obtenir le « consensus des habitants ».

Mais voilà, rien de tout cela n’est arrivé. A la place, nous sommes confrontés à une stratégie de l’enfumage développée depuis deux ans par la Région et ses multiples structures politico-administratives. Comme pour endormir la population.

Monsieur le Bourgmestre reprenez votre liberté et écoutez les riverains.

Accueillir les Gens du Voyage sur le Champ des Dames blanches

A titre d’information, nous remarquons que dans l’appel à projet officiel pour la partie du champ 2.1,  on peut lire ceci:

« Depuis plusieurs années, la Région bruxelloise est à la recherche de terrains pouvant accueillir de manière permanente les Gens du voyage, les terrains actuels ne répondant plus aux besoins de cette population. Le terrain des Dames blanches présente des caractéristiques intéressantes (grande superficie, localisation facile d’accès pour des caravanes, topographie, etc.) pour répondre à ce besoin. Aux occupations temporaires déjà prévues sur le site pourraient potentiellement se greffer l’installation d’une dizaine de caravanes qui ne nécessite pas une bétonnisation et assez peu d’aménagements.»

Champ des Dames Blanches: c’est plus efficace sans la démocratie?

Le projet de construction sur le champ des Dames Blanches est-il conclu ? Absolument pas. Pourtant, le Bourgmestre Cerexhe écrit le contraire dans la dernière édition de WoluMag. Une véritable manipulation.

Faut-il rappeler que de nombreux riverains sont opposés au projet de construction sur le champ des Dames Blanches? Et, mis à part un montage flou signé, sans base légale, entre la Commune et la SLRB, (sous la pression de la Région bruxelloise), aucun accord n’existe entre les riverains du champ des Dames Blanches et le Bourgmestre Benoît Cerexhe. Simplement un « protocole d’accord » qui n’engage pas la population locale. Mais la Commune fait comme si tout était décidé.

Les riverains ne sont pas assez favorables au projet

Depuis la signature (durant les vacances d’été de 2021), la Commune avait lancé une « procédure participative » sous formes d’ateliers et de réunions avec la population. Après 4 de ces « ateliers », réunions et promenades sur le champ, la Commune a estimé que les participants n’étaient pas assez favorables au projet. Elle a donc décidé d’interrompre la procédure pour la remplacer par un « panel » de 21 personnes tirées au hasard, en excluant les habitants trop encombrants qui participaient volontairement aux premières réunions.

Un simulacre de démocratie

Depuis cette décision arbitraire, trois « moments » (sic) ont été organisés avec les personnes désignées d’office par une entreprise privée. Les 21 habitants « retenus » ont dû signer un accord de confidentialité, leur interdisant de communiquer quoi que ce soit sur le contenu des réunions avec les autres riverains du champ.

Début septembre 2023, une rencontre du « panel », s’est tenue avec des architectes, afin de «donner un avis » sur les 5 projets d’architecture. Rappelons une nouvelle fois que ces réunions sont secrètes, et que les participants rémunérés ne peuvent communiquer. Selon nos sources, les plans présentés suggèrent des bâtiments plus haut de prévus (soit des «rez plus trois étages) et que la construction sur la seconde zone -2.1) serait toujours d’actualité. Une personne qui a tenté de prendre une photo s’est vue obligée de l’effacer de son smartphone. Par ailleurs, plusieurs participants se sont déjà fait remplacer depuis le lancement de cette étonnante procédure.

Malgré ce simulacre de participation élaboré en dehors de toute transparence, on peut lire que le bourgmestre se félicite de «la désignation prochaine du bureau d’architecture qui sera chargé de la construction… ». Comme si le contrat était signé, alors qu’il n’en est rien. Les craintes portant notamment sur la mobilité et l‘environnement ne sont aucunement levées.

Il n’est pas trop tard pour arrêter cette machine infernale

Ainsi, après avoir supprimé les nombreux ateliers de participation de la population au profit d’un «panel» de 21 personnes tirées au hasard et rémunérées (35 euros par réunion), on cherche maintenant à donner l’impression que tout est plié. Les riverains du champ doivent pourtant savoir qu’il n’en est rien et que les mois qui viennent seront déterminants pour l’avenir du champ, de la qualité de l’environnement et de la densité du trafic. Sans parler du financement du projet qui est totalement impossible pour En Bord de Soignes.

Ce vendredi 15 septembre, la SLRB a annoncé un nouveau planning des réunions qui débutera vers la mi-octobre pour déboucher sur un avant-projet en avril 2024. Décidément, tout s’accélère. Il n’est pas trop tard pour arrêter cette machine infernale. Mais il est temps.

Financement du logement social : une vision apocalyptique

La Libre et la RTBF se penchent presque simultanément sur le drame financier que vivent la Région bruxelloise et les sociétés de logement social. Sous l’angle budgétaire, c’est la panique à tous les étages. Il n’y a plus d’argent pour rénover 37.000 logements sociaux, mais toujours la volonté d’en construire 200 sur l’un des derniers champs de la Région.

Selon La Libre, la Région bruxelloise doit rénover près de 37.000 logements sociaux. Le budget estimé est de 900 millions d’euros sur 10 ans. Mais ce montant, selon plusieurs directeurs de sociétés de logements sociaux (SISP), sera largement insuffisant. L’inflation et l’explosion du prix des matériaux sont passés par là. A cela s’ajoute désormais l’indexation des salaires du personnel des SISP, qui manifestent désormais pour une revalorisation salariale.

Pour les directeurs des SISP, « Avec ces hausses, sur 10 ans, on ne pourra pas faire tous les projets imaginés ». La RTBF donne un exemple pratique de l’explosion des prix : le directeur de la SISP Comension explique que la rénovation en profondeur de son parc social était estimée à 51 millions d’euros sur 10 ans. Mais « selon ses calculs », il faudra désormais y ajouter 68 millions pour boucler le budget.

Augmenter les loyers ? Revendre des biens ? Demander plus d’argent à la Région ?

Selon les directeurs des SISP, une piste est l’augmentation des loyers et /ou l’obtention d’argent supplémentaire de la Région. ”En résumé, nos coûts augmentent tandis que nos revenus baissent » résume Aziz Sopi, directeur général d’En Bord de Soignes. Cette SISP (dont fait partie Woluwe-Saint-Pierre) était en perte de 500.000 euros en 2021, et de 840.000 euros en 2022.

Aziz Sopi se dit favorable à la revente de certains logements, et à l’augmentation des loyers. En revanche, pour Raphaël Jehotte, président de la SLRB, il n’est « pas question de vente de patrimoine”.

Bref, un catastrophe financière qui n’empêche pas la Commune de se battre pour construire 200 logements sur le champ des Dames Blanches tellement enclavé que la seule avenue des Dames Blanches ne pourra pas supporter l’augmentation de trafic.  

« Les difficultés financières sont généralisées dans les SSIP à Bruxelles », pointe pour sa part Etienne Dujardin, conseiller communal (MR) administrateur de la SISP En bord de Soignes. « Les règles, notamment financières, imposées par la tutelle, empêchent les sociétés de logement de faire leur travail, de rénover les logements vides rapidement. Il y a des milliers de logements publics vides à Bruxelles faute de rénovation et des milliers d’autres à rénover d’urgence.« 

On verra après les élections

La Libre rapporte encore que, de son côté, le cabinet de Nawal Ben Hamou (PS), Secrétaire d’État au Logement se dit « conscient du fait que les moyens actuels ne pourront pas suffire pour la rénovation de logements et l’acquisition de logements » et reconnaît les difficultés budgétaires de la Région. Un groupe de réflexion sur le sujet présentera ses conclusions en fin d’année. Mais le cabinet prévient déjà : c’est le prochain gouvernement désigné en 2024 (si tout va bien) qui prendra sa décision à propos de la politique du logement. Et donc des priorités en la matière.

Harcèlement politique pour construire sur le champ

Face à cette description apocalyptique, la conclusion est simple : les finances publiques ne suffisent déjà plus à entretenir le parc immobilier social. 37.000 logement doivent être rénovés… mais la Région et la Commune de Woluwe veulent à tout prix supprimer le champ des Dames Blanches pour y construire 200 logements. A ce niveau, ce n’est plus de la politique, c’est du harcèlement.

Un « panel citoyen » aux discussions de plus en plus secrètes (3ème épisode)

Pour rappel, un « panel citoyen » constitué à partir d’un « tirage au sort » très contestable, excluant les participants aux précédents « ateliers participatifs » devait se réunir à quatre reprises entre mai et septembre 2023. Et contre tout esprit démocratique, les candidats à ce tirage reçoivent la garantie d’une rémunération. Les 21 candidats auront un mandat de deux ans. La Commune ne se cache pas en écrivant qu’il s’agit « de 4 moments clés dans la suite du développement du projet » d’urbanisation des Dames Blanches. Mais surtout, tout doit rester secret, contrat de confidentialité à l’appui.

Les deux premières réunions, soumises à ce contrat de confidentialité, ont bien eu lieu. Interdiction, pour les autres riverains, d’en connaître le contenu. Il a toutefois été déclaré aux 21 participants que leurs avis serviraient à rédiger l’appel d’offre qui sera présenté aux entreprises qui désirent introduire un projet pour la partie 2.1 du champ (Il s’agit de la partie qui ne sera pas construite avant 10 ans). La troisième réunion (prévue pour le 17 juin) a été remise sine die. 

Rappelons, une nouvelle fois, que :

Lors du dernier Conseil Communal, le Bourgmestre n’avait pas répondu à la question portant sur la manière dont les riverains du champ seraient informés du contenu des réunions du « Panel citoyen ». Mais surtout, la nouvelle procédure secrète fait fi de toutes les réunions organisées depuis près de deux ans avec les habitants du quartier, sans discrimination.

Il faut mettre un terme à cette procédure arbitraire qui n’a pour but que d’entériner un projet de bétonisation qui n’a toujours pas été accepté par la population. Tout est fait comme si la construction de 200 logements sur une partie du champ et les problèmes de sur-trafic dans l’avenue des Dames Blanches avaient été acceptés par les riverains. Des riverains qui, depuis le mois de mai, ne sont plus consultés et sont tenus dans le secret le plus total de l’évolution du chantier.

-la Flandre et la Wallonie ont décidé de mettre un terme à la bétonisation des sols,

-la protection des dernières friches est un argument majeur avancé par les défenseurs de l’environnement et de l’écologie,

-un ministre écolo bruxellois veut acheter des terres agricoles pour assurer une production alimentaire locale aux habitants,

-d’autres communes de la Région se battent avec leurs habitants pour empêcher la bétonisation des derniers sols bruxellois,

– sur les 40.000 logements sociaux, des milliers demeurent inoccupés faute d’entretien. Rien que pour le gestionnaire social « En Bord de Soignes », pas moins de 224 logements ne sont pas attribués, dont certains depuis plus de 15 ans. 224 logements, c’est bien plus que les 120 logements sociaux que prévoit le projet de construction sur le champ des Dames Blanches. 

Construire sur le champ des Dames Blanches : la Région met l’accélérateur

Construire sur le champ des Dames Blanches : la Région met l’accélérateur

Les promoteurs immobiliers (la Commune de Woluwe-Saint-Pierre et la SLRB) mettent l’accélérateur en vue de la construction du champ. Des bureaux d’architectes ont été « sélectionnés » pour visiter le champ et les quartiers qui l’entourent. Dans un style très poétique, le SLRB annonce que « Sous une  météo parfois pluvieuse, parfois ensoleillée, les bureaux d’architectes sélectionnés pour le marché public se sont rendus sur place» . Quel courage, quel engagement.

C’est qu’il faut aller vite, puisque les offres pour le marché architecture sont attendues pour le 30 juin 2023, tandis que l’attribution aura lieu après les vacances d’été. Alors que les différents « ateliers participatifs » montrent combien de nombreuses questions demeurent sans réponse.

Le panel citoyen tiré au hasard et rémunéré : une idée de la Commune

La SLRB confirme par ailleurs que l’idée d’un panel citoyen de 21 personnes tirées au hasard est une demande conjointe de la Région et de la Commune. Ce panel «garantit la mobilisation de citoyens …Il permet de garantir la présence des habitants dans ces étapes de procédures formelles. » Comme si le processus participatif imposé depuis deux ans par la Commune ne permettait pas la participation des habitants. Le Bourgmestre avait été plus honnête lors d’un précédent Conseil Communal lorsqu’il avait reconnu à mots couverts qu’il en avait assez de voir toujours les mêmes habitants, largement opposés à un projet qui va introduire le chaos dans le trafic de l’avenue des Dames Blanches et des rues avoisinantes.

Et cela dans un contexte où …

-la Flandre et la Wallonie ont décidé de mettre un terme à la bétonisation des sols,

-la protection des dernières friches est un argument majeur avancé par les défenseurs de l’environnement et de l’écologie

-un ministre écolo bruxellois veut acheter des terres agricoles pour assurer une production alimentaire locale aux habitants,

-d’autres communes de la Région se battent avec leurs habitants pour empêcher la bétonisation des derniers sols bruxellois (Chant des cailles, Friche Josaphat)

– sur les 40.000 logements sociaux, des milliers demeurent  inoccupés faute d’entretien. Rien que pour le gestionnaire social « En Bord de Soignes », pas moins de 224 logements ne sont pas attribués, dont certains depuis plus de 15 ans. 224 logements, c’est bien plus que les 120 logements sociaux que prévoit le projet de construction sur le champ des Dames Blanches. 

Arnaque participative (épisode 2)

Tous les riverains ont été surpris du changement de la procédure lancée par la Commune pour la « consultation participative » de la population dans le cadre de l’urbanisation du champ des Dames Blanches : Arrêt sine die des réunions et ateliers au profit d’un tirage au sort qui déjà sent l’arnaque.

Pourquoi ce tirage au sort en remplacement d’une procédure ancrée depuis 2 ans? C’est la question qui a été posée mardi soir (28 mars) par le conseiller communal Etienne Dujardin. Et la réponse du Bourgmestre laisse sans voix : le tirage au sort des membres des prochaines réunions est justifié par le fait « que ce sont toujours les même riverains qui viennent ». Et comme ils osent émettre des critiques sur le projet, Benoît Cerhexe décide «qu’ils ne sont pas les seuls interlocuteurs représentatifs… donc on veut aller plus loin, avoir une participation plus large et faire de la pédagogie». Cette tactique politique très utilisée depuis 20 ans veut que si la population s’oppose à un projet soutenu par les autorités, c’est que les intéressés n’ont pas bien compris le projet, et qu’il suffit de leur réexpliquer.

De bon compte, le Bourgmestre reconnaît indirectement que c’est bien la SLRB (et donc la Région), qui tire les ficelles. «La Région a donc décidé de créer un nouveau panel. » Preuve, par l’absurde, que le premier panel, pourtant démocratique, n’était pas à la hauteur des espérances des promoteurs immobiliers. La SLRB a donc décidé de confier le choix du nouveau panel à la société Particitiz qui a estimé que 21 personnes, tirées au sort, représenteraient désormais valablement la population des riverains.

Les premiers flops du tirage au sort

Sur les 300 personnes invitées au grand loto des Dames Blanches, 21 seront donc tirées au hasard pour être «représentatives» des trois quartiers (Vieux Quartier, Sainte-Alix et Corniche Verte). Si 7 personnes par quartier peuvent dignement représenter la diversité de langue, de sexe, d’âge et de niveau d’études, comme le revendique la Commune, les employés de Particitiz sont les Einstein de la statistique.

Mais précisément, pourquoi toutes ces questions invasives posées aux candidats tentés de s’inscrire à l’Euromillion de Woluwe-St-Pierre ? Certains ont été choqués de s’entendre demander au téléphone « vous avez fait des études » ? Je peux témoigner de deux voisins, venus frapper à ma porte, outrés par cette indiscrétion.

Vient ensuite le choix des destinataires. Un rapide sondage me permet de dire que pratiquement tout le monde a reçu une invitation…Sauf certains.

Comment la « statistique » de Particitiz peut-elle expliquer qu’au sein d’un même foyer, 3 personnes aient reçu une invitation, et que pour ma part, TOUS mes voisins (à gauche à droite de mon côté de la rue et de l’autre côté de mon habitation) ont été invités (parfois deux personnes par domicile) et que ma boîte aux lettres ait été oubliée? Le hasard sans doute. Même si, comme le dit Mazouz Hacène, « le hasard n’existe pas, …tout est minutieusement élaboré » Je ne sais pas qui est ce Monsieur Hacène , mais il ne sera certainement pas invité au sondage hasardeux des Dames Blanches. 

Et ne revenons pas sur la rémunération prévue pour les 21 riverains aléatoires. C’est tout simplement indécent.